jardins ouverts 2025 Tout l'été, le dispositif « Jardins ouverts » de la Région offre des échappées dans les espaces verts franciliens. Un samedi estival, une balade sensorielle à la Corniche des forts (Seine-Saint-Denis) a invité les promeneurs à écouter, toucher, ressentir le vivant, et à découvrir les mystères de la communication végétale ! Une initiation à un monde silencieux et imperceptible guidée par Cyril Charbonnier, de l’association Asparagus. J’ai testé pour vous !
Les yeux fermés, je touche le tronc d’un arbre, j’essaie de deviner son diamètre, d’explorer la texture de l’écorce. Comme moi, une dizaine de Franciliens palpent des ramures.
Nous ne sommes pas fous : nous récoltons un maximum d’indices pour repérer, une fois la vue retrouvée, « notre » arbre parmi les végétaux de la Corniche des forts, en Seine-Saint-Denis (93).
Ce jeu nous est proposé par notre animateur, Cyril Charbonnier, qui transmet sa passion pour le vivant au sein de l’association Asparagus.
Organisée un samedi du mois d’août, dans le cadre de « Jardins ouverts », la balade du jour est dédiée, entre autres, à la communication des végétaux. Et pour nous initier à ce langage, quoi de mieux que de s’y connecter, en le ressentant. Parisienne, Laura a réussi haut la main l’exercice. Comme moi, elle a hâte d’en savoir plus : « Apprendre comment les plantes communiquent, ça a attisé ma curiosité. Et ça me permet de découvrir cet endroit. »
Un espace naturel à explorer
Ancienne carrière à ciel ouvert devenue friche, la Corniche des forts est désormais un parc de 55 hectares qui s’étire sur plusieurs communes franciliennes. Île-de-France Nature en assure la gestion.
Polo estampillé au nom de l’agence des espaces verts de la Région, Sébastien Rochette est responsable du site. « À la lisière de Paris, cet espace naturel permet de rafraîchir le territoire : la température diminue de trois degrés à l’intérieur du parc. », nous raconte-t-il. La priorité est donnée à la biodiversité sur cet espace qui abrite renards, fouines, martes, écureuil roux… Et une flore variée.
« Pour parler des végétaux, il est essentiel de parler d’abord du sol. Qu’est-ce que le sol ? », nous interroge Cyril, notre animateur. Mes cours de sciences de la vie et de la terre refont surface alors qu’il nous décrit la composition de la terre.
Comment savoir de quoi manque un sol ? Il suffit de répertorier les plantes qui y poussent ; par exemple, ce bout de terre où nous sommes est couvert d’orties, riches en azote, apportant à la terre les minéraux dont elle manque. Juste à côté pousse une plante dont nous devons identifier l’odeur. Le groupe s’accorde sur la menthe et le champignon. Mais de quoi s’agit-il ? « Le lierre terrestre, comestible une fois transformé en gelée, est caractéristique d’un sol de forêt en bonne santé », nous informe notre guide.
Les mystères de la communication végétale
J’apprends que le sol est le premier support de communication entre les plantes, et ce, grâce aux mycorhizes : la symbiose entre un champignon et une plante qui se crée au niveau des racines. Un exemple : la truffe est le champignon mycorhizien du chêne. Elle lui apporte des éléments vitaux et lui permet d’être connecté à d’autres végétaux. Ce réseau mycorhizien transmet en effet des informations. Cyril nous l’illustre : si un châtaigner est attaqué par un ravageur, il va produire du liège dans son écorce pour se protéger, et va parfois jusqu’à modifier sa sève. Le soir venu, la sève de cet arbre retourne aux racines et au réseau mycorhizien. Un autre arbre à proximité va ainsi obtenir l’information et pouvoir modifier son écorce voire sa sève pour mieux résister. Des arbres centenaires survivent ainsi aux événements qui pourraient leur être fatals. Je suis bouche bée par ce que Cyril nous transmet.
Et ça ne s’arrête pas là : la communication des plantes se fait aussi grâce à des messages chimiques, transmis par l’air. C’est le cas notamment pour l’acacia. En cas d’attaque, ses feuilles se chargent en tanins, toxiques pour les animaux, et émettent de l’éthylène. Ce gaz se transmet aux arbres voisins, les informant de la menace. Ils pourront à leur tour modifier leur sève pour se protéger. Les plantes transmettent aussi des messages grâce à des flux électriques.
Pour nous le montrer, Cyril sort de son sac un petit boîtier. Appelé PlantWave, il traduit les signaux électriques des plantes en sons. Assez poétiquement, une mélodie s’élève. Cyril ponctue : « L’arbre, c’est un concept philosophique plus qu’une réalité de terrain. »
« Mieux connaître pour mieux protéger »
Pendant les deux heures que dure la balade, Cyril nous surprend par une foule d’informations dont voici une sélection. Les arbres semblent coopérer pour laisser passer le soleil dans la forêt et permettre la régénération des végétaux. Les plantes auraient une mémoire : lorsque l’on touche les feuilles d’un mimosa, celles-ci se referment, mais lorsqu’il pleut, non. Les plantes peuvent entendre et danser ! C’est le cas du Desmodium gyrans, appelé aussi Codariocalyx motorius.
« Cyril a une façon d’expliquer la nature et le comportement des végétaux qui est passionnante à écouter », me dit Isabelle, l’une des participantes parisiennes. Sébastien, en charge du site pour la Région, me partage un dernier mot : « C’est tout l’intérêt de ces balades : mieux appréhender les végétaux et le territoire pour mieux les protéger. Prendre le temps d’observer et de connaître les richesses, à proximité de chez soi. »
Je plussoie complètement, mes prochaines promenades en forêt n’auront plus la même tournure !
« Jardins ouverts » continue tout l'été !
Jusqu'au 31 août, la 9e édition de Jardins ouverts invite à découvrir autrement plus de 200 jardins franciliens, à l'occasion d'événements culturels en tout genre.
Des arts plastiques à la poésie, en passant par le théâtre, la danse, le cirque et la musique, de nombreuses formes d'expression artistique sont au programme.
Retrouvez tous ces événements, les installations artistiques et bien d'autres encore sur la carte des événements de Jardins ouverts.