Cinéma Quel est le rôle d'un producteur de cinéma ? Comment conjuguer création artistique et gestion financière ? Nicolas Anthomé, qui produit actuellement « L’inconnue », un film d'Arthur Harari qui bénéficie du soutien de la Région Île-de-France, lève le voile sur un métier aussi discret qu'indispensable à la création cinématographique.

Dans l'ombre des acteurs et des réalisateurs, un professionnel discret orchestre tout : de la première idée griffonnée sur un coin de table au dernier clap de fin sur les plateaux de tournage.

Ce professionnel, c’est le producteur. C’est lui qui déniche les talents, trouve les financements et doit jongler entre ambitions artistiques et réalité financière. Sans lui, pas de film, ni d’histoire à raconter.

L’inconnue, un film ambitieux soutenu par la Région Île-de-France

À l'occasion de la production du prochain film d'Arthur Harari, L’inconnue, qui mettra en scène Léa Seydoux et Niels Schneider dans une adaptation libre de son roman graphique Le cas David Zimmerman, Nicolas Anthomé, producteur de courts et long-métrages depuis plus de 20 ans nous explique son métier, les défis de son quotidien et l'importance du soutien de la Région Île-de-France à la création cinématographique.

Car pour ce nouveau projet qui devrait sortir en 2026, Nicolas Anthomé qui était derrière la production du remarqué Onoda, 10 000 nuits dans la jungle, sorti en 2021 (et déjà réalisé par Arthur Harari), a bénéficié de l'aide de la Région via son Fonds de soutien au cinéma (aide à la production). 

Crédit photo : © Cédric Sartore
L'équipe de tournage de L'inconnue, réalisé par Arthur Harari et produit par Nicolas Anthomé.

Un soutien important qui illustre parfaitement le rôle essentiel de la Région pour faire exister des projets originaux et profondément ancrés dans le territoire. Rencontre.

L’Île‑de‑France, 1re région pour le soutien à la création cinématographique

La Région Île‑de‑France met en œuvre une politique active en faveur du cinéma et de l’audiovisuel, afin de soutenir la diversité de la création tout en favorisant la structuration de cette filière d’exception. Le secteur du cinéma mobilise 171 000 emplois dans 7 727 entreprises sur le territoire francilien. 

Avec un budget de 25 M€ en moyenne et plus de 170 œuvres soutenues chaque année, la Région est, de loin, la première collectivité française en termes de financement du cinéma. 

Les aides de la Région pour la production cinématographique et audiovisuelle en 2024 : 

Entretien avec

Nicolas Anthomé, producteur

  • Cinéma et audiovisuel

Le cinéma est souvent associé aux réalisateurs et aux acteurs, mais derrière chaque film se trouve un producteur. Un rôle central que nous décrit Nicolas Anthomé, producteur de « L’inconnue », réalisé par Arthur Harari.

Qu’est-ce qu'un producteur de film ?

Nicolas Anthomé : Un producteur est quelqu’un qui suit un film, de l’idée la plus précoce jusqu’à son exploitation, c’est-à-dire le moment où il est commercialisé et amené au public. Son rôle est à la fois créatif, financier et opérationnel.

Comment choisissez-vous les films que vous produisez ?

N.A. : Ça dépend des producteurs. Moi, je choisis toujours des films qui me plaisent. Le projet, ce n’est pas qu’un scénario. Il y a le réalisateur, la manière dont il veut faire le film, le cadre de production… c’est tout un ensemble de paramètres à prendre en compte. Après un certain temps, tu as aussi l’habitude de travailler avec certaines personnes et ces questions se posent moins.

Comment définit-on un « bon » projet ?

N.A. : Il est très difficile de répondre à cette question. Ça a sans doute à voir avec l’originalité du projet. Je me pose toujours la question : est-ce que ce projet a déjà été vu et revu dans le cinéma ?

Quelle est la journée type d’un producteur ?

N.A. : Un producteur travaille sur plusieurs projets en même temps. Dans une journée, il peut s’occuper du scénario d’un film, du montage d’un autre ou encore de l’aspect financier et de la négociation commerciale d’un autre projet. Pour moi, un producteur est aussi un chef d’entreprise. Il gère également une petite boîte. Donc il fait plein de choses très différentes pendant sa journée !

Comment gère-t-on l’équilibre entre création artistique et contraintes budgétaires quand on produit un film ?

N.A. : La gestion peut être compliquée ! Il vaut mieux travailler avec des réalisateurs qui ont les pieds sur terre c’est sûr, et avoir une cohérence économique sur l’ensemble du projet. Mais on résout souvent les problèmes à travers la discussion.

Pouvez-vous nous parler de votre projet en cours, L’inconnue, réalisé par Arthur Harari ?

N.A. : Je ne peux pas trop en parler justement ! Ce que je peux dire c’est que c’est un film fantastique qui a beaucoup à voir avec l’architecture de l'Île-de-France. De Paris, sa périphérie, sa banlieue et ses campagnes. On tourne à Chaville (92), à Conflans-Saint Honorine (78), au centre de Paris… Ce film, avec Léa Seydoux et Niels Schneider, raconte un évènement fantastique qui va bouleverser la vie des personnages… et peut-être même de l’humanité tout entière.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet en particulier ?

N.A. : Je travaille avec Arthur Harari, le réalisateur du film, depuis plus de 15 ans. J’aime beaucoup travailler avec lui depuis le court métrage. On a notamment fait Onoda, 10 000 nuits dans la jungle… Et au-delà de ça, L’inconnue est un projet vraiment très original. Il y a peu de films de ce type dans le paysage cinématographique. Ce sera un vrai film de genre et en même temps un vrai mélodrame.

Pour ce film, vous avez bénéficié du Fonds de soutien cinéma de la Région Île-de-France. Comment a-t-il contribué à la réalisation de ce film ?

N.A. : La Région Île-de-France apporte une subvention véritablement essentielle. C’est important car pour faire un film comme L’inconnue, avec une dimension internationale et une grande ambition d'exploitation, il faut réunir beaucoup de partenaires. Et la Région en est un très fidèle. La Région Île-de-France est d’ailleurs la collectivité qui finance le plus le cinéma en France. En plus, ce film a un vrai lien avec l'Île-de-France et génère de nombreuses retombées économiques sur le territoire. On fait travailler directement et indirectement des salariés, des fournisseurs, et tout un tas de Franciliens qui gravitent autour du projet. Avec la Région, il y a aussi l’aide à la post-production qui, je crois, n’existe pas ailleurs. Sur de petits budgets, cela m’a beaucoup aidé durant ma carrière.

En quoi consiste le « bonus éco prod » dont le film a bénéficié ?

N.A. : Pour ce tournage, nous avons pris certaines décisions « durables ». Comme par exemple proposer une cantine qui recourt au circuit court, que les équipes utilisent au maximum les transports en commun ou des véhicules peu polluants, même si ce n’est pas toujours évident dans le cinéma… L’objectif c’est d’avoir des pratiques écologiques et durables dans la production. Et ça, c’est valorisé aussi par la Région.

Qu’est-ce que cela change pour un producteur d’être soutenu par une collectivité ?

N.A. : C’est très important, essentiel même pour nous. C’est un film qu’on aurait difficilement pu tourner dans une autre région. Le fait d’avoir plus de moyens permet d’avoir une plus longue durée de tournage, du personnel supplémentaire, de plus grandes ambitions…

En quoi ces aides régionales sont importantes pour le cinéma français ?

N.A. : C’est très important car ces dispositifs incitent aussi les producteurs à tourner en France et à ne pas délocaliser. Il y a plein de retombées positives sur les différents territoires, et ça contribue aussi et surtout à la pérennité de l’industrie du cinéma. La France est quand même un leader en Europe dans ce secteur, alors c’est primordial d’être soutenu par des collectivités pour le rester.

Pensez-vous que l’Île-de-France est un pôle central pour la production en France, voire en Europe ?

N.A. : En ce qui concerne le cinéma, il est clair que la plus grande partie de l’activité se passe en Île-de-France. La majorité de l’industrie technique est ici, les fournisseurs de matériels, les laboratoires, les sociétés de production, la post-production, le personnel y est très qualifié… C’est l’endroit en Europe qui concentre le plus de ressources et de compétences.

Pour tout savoir sur le soutien de la Région au cinéma

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Fonds de soutien cinéma (aide à la production)