Île-de-France fête le théâtre À l’initiative de la Région Île-de-France, les îles de loisirs de Créteil, Draveil, Cergy-Pontoise et Saint-Quentin-en-Yvelines se transforment en scène de théâtre, de musique ou de danse. Du 11 juillet au 6 août, divers artistes y offrent gratuitement aux Franciliens des instants de divertissement dans un cadre exceptionnel. J’ai testé pour vous celui du Port aux Cerises, à Draveil (91) : un spectacle participatif et ouvert à tous !
Sous le chapiteau, enfants, parents et grands-parents s’installent. Devant moi se trouve une petite famille : Stéphane, le grand-père, accompagné de ses deux petits-enfants – Rose, 3 ans, et Gabriel, 9 ans. Les gradins se remplissent, les conversations fusent. Puis la porte se ferme, la lumière s’éteint : Yës commence !
Alors que la salle est plongée dans le noir, deux projecteurs éclairent soudainement deux hommes : Yanice Djae et Sébastien Vague. Pas de musique, pas de décors. Ils sont seuls sur scène. Et puis, subrepticement, Sébastien engage un mouvement. Il se met à siffloter et à s’agiter à côté de son comparse qui, finit par lui répondre en beatbox. Leur échange devient une battle joyeuse, puis une danse parfaitement synchronisée. On voit les quinze ans de duo : ils sont bluffants. Ils tapent, sifflent et jouent avec l’espace. Puis ils invitent le public à participer à leur chamaillerie. Scindés en deux équipes, nous devons reproduire leurs sons. Je m’y essaye à l’instar des personnes autour de moi avec qui j’échange un rire complice. Tout le monde se prête au jeu ; l’ambiance est joueuse.
À la fin, Gabriel confie à son grand-père : « J’ai cru qu’ils se bagarraient ! ». Mais Stéphane n’est pas du même avis : « Je pense qu’ils apprenaient à se connaître. Même s’ils ne parlaient pas le même langage, ils y sont parvenus ! ». Tous deux ont été hypnotisés par ce ballet (presque) muet.
Des moments d’échange avec des artistes hors du commun
Après chaque représentation, les spectateurs peuvent rencontrer les artistes. Je rejoins le petit groupe rassemblé autour des deux danseurs. Je leur demande comment ils en sont arrivés là.
« Notre professeur et chorégraphe, Fouad Boussouf, a repéré notre synergie et nous a embarqués dans ce projet. Ce spectacle est venu naturellement et s’est construit au fur et à mesure pendant cinq ans », m’explique Yanice. « Avec la dramaturge Mona El Yafi, nous avons appris à remplir l’espace et à danser sans musique ni paroles », précise Sébastien.
En France et à l’étranger – Cuba, La Réunion, Martinique –, ils se produisent partout : en festival, dans des hôpitaux, des maisons de retraite… Leur bonne humeur est vraiment communicative. Après les avoir remerciés, je repars explorer les alentours du chapiteau.
Un entre-deux actes pour s’amuser ou se reposer
Les Tréteaux de France ont investi une grande prairie du Port aux Cerises, où diverses activités sont proposées. Au centre, une toile d’ombrage abrite un espace de lecture et de repos. J’y rencontre Evelina, installée sur des poufs avec ses filles Zelda (9 ans) et Alma (3 ans). « Nous venons chaque année, m’explique-t-elle. C’est pas mal parce que les spectacles sont joués à différents horaires. Si on en rate un, on peut revenir le lendemain. »
Plus loin, la plasticienne Camille Laouénan anime un atelier de confection d’oiseaux en papier. Le calme règne, les enfants concentrés colorient, coupent et collent délicatement leurs créations.
À côté, un autre stand propose des séances d’écoute de fictions sonores. Alexia, éducatrice, profite du lieu avec six jeunes de Ris Orangis. « Ce matin, ils ont fait un atelier théâtre : jeux de présentation, jeu du samouraï… Ils étaient réticents au début, mais ils ont fini par adorer. Maintenant, c’est temps calme avant d’aller voir La Renarde. »
Se laisser surprendre au détour d’un chemin
À 14 h, la prairie se vide ; direction une autre clairière du parc où une petite scène a été montée pour La Renarde. Cette comédie initiatique suit une renarde vivant dans une décharge et propulsée en forêt, où elle découvre l’impact de l’humain sur la nature.
Les comédiens ont travaillé la zoomorphie et ont observé les animaux dans des réserves et zoos pour reproduire leurs attitudes. Je me laisse emporter par l’histoire et ris aux éclats quand l’une des actrices, recroquevillée en position fœtale, rampe au sol pour imiter un hérisson. Une prouesse qui n’avait pas l’air aisée !
Une heure plus tard, les applaudissements fusent : je n’ai pas vu le temps passer. Une belle façon de conclure cette journée de découvertes théâtrales.
