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entretien La cité d’Ivry-sur-Seine en attente de démolition partagera l’affiche du film « Gagarine », avec le jeune Youri, prêt à tout pour la sauver. Le film, soutenu financièrement par la Région, est actuellement en tournage. Rencontre.  

« Moteur demandé, tourne. » Depuis 1 mois, une équipe de tournage a investi la cité Gagarine d’Ivry-sur-Seine (94). Le long de la ligne du RER C, la barre de 380 logements attend sa démolition imminente. Pourtant, l’équipe de 40 personnes s’affaire dans l’immeuble en briques rouges de 13 étages où une dizaine d’appartements a été transformée pour y tourner des scènes du film. Des affiches scotchées dans les couloirs permettent de s’y retrouver : « constellation », « cabine », « jardin »…

Une cité inaugurée par Youri Gagarine en 1963

Ce décor a inspiré les deux jeunes réalisateurs, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, pour leur premier long-métrage, Gagarine. « Le film est le vecteur de la mémoire de la cité, inaugurée par le cosmonaute Youri Gagarine en 1963, et de ceux qui y ont habité », explique Julie Billy, productrice chez Haut et court, tout en se frayant un passage au milieu des câbles et des projecteurs. Les 2 réalisateurs, qui ont 3 courts-métrages à leur actif, connaissent bien l’endroit. Il y a 5 ans, ils étaient déjà venus tourner leur premier court dans la cité Gagarine. 

Gagarine, un film soutenu par la Région

La Région est le premier financeur du film, dont le budget s’élève à 2,8 millions d’euros. Elle a apporté une aide financière à l’écriture du long-métrage et à sa production d'un montant de 297.500 euros. L’Île-de-France est la première collectivité territoriale à soutenir le cinéma et l'audiovisuel en France. Lors de la dernière édition du Festival de Cannes, pas moins de 16 films en compétition avaient été soutenus par la Région.

Dans le film, la cité partage l’affiche avec Youri, 17 ans, l’un des habitants qui rêve de conquête spatiale. Désormais vétuste, elle est menacée de destruction. Youri va tout faire pour tenter de sauver l’immense barre, qu’il considère comme son vaisseau spatial, parfois au péril de sa vie. 

« Le héros a un rapport particulier avec l’espace, qui donne au film une touche de science-fiction », résume la productrice. Au casting, Alséni Bathily (pour la première fois à l’écran) incarnera le jeune héros, entouré de Lyna Khoudri (Papicha), Jamil Mc Craven (Nocturama), Finnegan Oldfield (Marvin), Farida Rahouadj (Les Sauvages) et Denis Lavant (habitué des films de Leos Carax, dont le dernier, Holy Motors, que la Région avait soutenu).

Jérémy Trouilh et Fanny Liatard, réalisateurs du film. © Margaux Opinel -

Les anciens habitants au cœur du film

Les 35 jours de tournage, jusqu’à la démolition de la barre, se déroulent pour l’essentiel à Ivry. « Nous avons tissé un véritable lien avec les gens du quartier, très attachés à la cité Gagarine, souligne Julie Billy. D’ailleurs, les 700 figurants du film sont tous d’anciens habitants. Certains jeunes d'Ivry travaillent aussi sur le film en tant que techniciens, car la transmission est au cœur de la fabrication même du film. Nous voulions montrer que le cinéma n'est pas qu'un petit sérail clos, mais bien un milieu accessible à toutes et tous. Et on y gagne tous, car ces jeunes sont brillants, curieux et ultra motivés. » Même la cantine du tournage a été confiée à des femmes du quartier, « et c'est bien meilleur qu'une cantine traditionnelle », ajoute la productrice.

Un tournage orienté développement durable

L’autre spécificité de Gagarine tient à la mise en place d’un tournage « Ecoprod ». L’équipe respecte un certain nombre de règles édictées en partie par la Région, afin de réduire l’empreinte écologique du film. « Nous n'avons pas l'incitation financière Ecoprod de la Région, mais nous mettons en place ces gestes simples et pourtant impactants. Sur le tournage, nous n’utilisons pas de gobelets en plastique, chacun a une gourde. On mange bio le plus souvent possible, on trie tout et le recyclage des déchets est confié à Secoya, une entreprise spécialisée », précise Julie Billy. 

Quant aux différents éléments de décor, ils seront eux aussi entièrement recyclés, donnés à des associations ou exposés dans la cité lors de l'exposition éphémère qui ouvrira ses portes dans la cité le 31 août 2019.  

Le tournage de « Gagarine » s’achèvera mi-septembre, après la démolition de la cité, pour une sortie dans les salles annoncée au second semestre 2020.
 

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