Pierre Assouline à la rencontre des lycéens franciliens pour les Leçons de littérature

À l’approche du Festival du livre de Paris, du 12 au 14 avril 2024, rencontre avec Pierre Assouline. En janvier 2023, le journaliste et écrivain, auteur de nombreuses biographies, s'est rendu dans 2 lycées franciliens pour animer des « Leçons de littérature », ces moments d'échanges autour de la lecture et de l'écriture que la Région organise entre auteurs et lycéens.

Retour sur son expérience auprès des élèves.

3 questions à Pierre Assouline

Selon vous, c’est quoi être écrivain ?

Pierre Assouline : Je suis journaliste de profession depuis l’âge de 20 ans. Étant en presse écrite, je me suis tourné vers l’écriture de livres de manière assez naturelle. Les journaux n’ont ni l’espace, ni les moyens, ni le temps à accorder aux grands reportages ou grandes enquêtes. J’ai donc écrit ce genre de projets journalistiques pour des maisons d’éditions.

Pour moi, être écrivain, c’est savoir écrire de la fiction, de la littérature. Avant l’écriture de mon premier roman, j’ai toujours refusé que mon éditeur inscrive « écrivain » au dos de mes livres. J’ai donc d’abord écrit 15 livres, des enquêtes, des reportages, 10 biographies. Lorsque mon premier roman a été publié, j’ai accepté la casquette d’écrivain en plus de celle de journaliste.  

Être écrivain, c’est une attitude dans la vie. Ce n’est pas un métier, pas une profession, c’est un état d’âme et un état d’esprit. L’écrivain est un artiste, au même titre qu’un sculpteur, un photographe ou un peintre.  

Comment avez-vous abordé vos interventions auprès des lycéens pour vos Leçons de littérature ?

P. A. : J’ai abordé ces interventions de la manière la plus directe et la plus simple possible. Ce n’est pas difficile pour moi dans la mesure où j’enseigne depuis 25 ans l’écriture à Science Po et que j’ai l’habitude de parler à des jeunes. J’ai essayé d’être le plus concret possible par rapport à l’écriture, de désacraliser la fonction de l’écrivain et son statut. Je souhaite montrer que c’est abordable pour tout le monde, que n’importe qui peut devenir écrivain.  

Les lycéens avaient beaucoup de questions sur la manière d’écrire, les techniques d’écriture, sur le milieu littéraire et les prix littéraires. Il s’agit là de transmission, c’est le mot clé à retenir de ces échanges.

Ils étaient aussi très préoccupés par l’aspect financier du métier d’écrivain. Je trouve ça bien, je leur ai expliqué que cet aspect n’était pas négligeable, mais qu’il fallait s’enlever de la tête que c’est un métier auquel on accède pour gagner de l’argent. Ce n’est pas le but premier, c’est avant tout un art. Je tenais à leur dire que, s’ils se lancent dans l’écriture dans ce but, ils seraient de toute façon très déçus. 

Quels souvenirs gardez-vous de vos rencontres avec les lycéens ?

P. A. : J’en garde un excellent souvenir. C’est toujours un véritable échange. Cela m’apporte beaucoup de discuter avec la jeune génération. Leur curiosité m’intéresse, leur façon de s’exprimer m’intéresse, les questions qu’ils me posent aussi.

Ce n’est jamais 2 fois la même chose. Quel que soit le lycée, la zone géographique, on ne sait jamais à quoi s’attendre. C’est toujours une bonne surprise, car, justement, je ne m’attends à rien.

C’est une très bonne expérience qui me permet de sonder l’esprit des jeunes. J’ai toujours besoin et envie de savoir ce que pensent les jeunes. C’est beaucoup mieux in vivo plutôt qu’en passant par un sondage. Grâce aux Leçons de littérature, j’ai mes réponses en direct et j’en suis ravi.