Bien vieillir Dans le cadre des Assises de la longévité, organisées par la Région le 8 octobre 2025 pour réfléchir collectivement aux défis du vieillissement, nous avons rencontré Louis Leduc, fondateur de Gaston Immo. Son entreprise, incubée à la Région, propose un service de gestion locative meublée pour accompagner les seniors et leurs familles dans la délicate transition vers une résidence adaptée.

Alors que la population d’Île-de-France vieillit et que les effets démographiques se font sentir, les Assises de la Longévité organisées par la Région prennent une dimension stratégique. Comment adapter les territoires, accompagner les transitions résidentielles, repenser les services et impliquer les acteurs publics et privés ? 

Face à cette problématique, l’initiative de la start-up Gaston Immo s’inscrit dans une dynamique collective : non seulement elle répond à un besoin individuel, mais elle participe à la construction d’un modèle territorial plus juste et attentif aux aînés.

Gaston Immo : un projet né d’une histoire familiale

Née d’une histoire familiale, la start-up Gaston Immo se présente comme un acteur innovant de la silver economy. 2 ans après son lancement, la jeune pousse incubée au Perqo, l’incubateur de la Région, séduit familles, résidences et partenaires médico-sociaux grâce à une approche simple : libérer les proches de la charge organisationnelle pour qu’ils puissent se concentrer sur l’essentiel, le temps partagé.

« Gaston, c’est le surnom de mon grand-père », explique Louis Leduc, le fondateur de Gaston Immo. Lorsque celui-ci a quitté son domicile pour une résidence senior, la famille s’est retrouvée face à une montagne de démarches : déménagement, vente ou location du bien, gestion de multiples prestataires. « On ne savait pas par où commencer. Et je me suis dit : tout le monde vit ça, tout le monde a des grands-parents qui partent. Il fallait trouver une solution pour accompagner cette transition. »

De cette expérience personnelle est donc née Gaston Immo, une entreprise pensée comme un chef d’orchestre des étapes liées au départ d’un senior en résidence en coordonnant déménagement, logistique et immobilier. 

Une solution clé en main pour les familles

Le modèle proposé par Gaston Immo est simple : un interlocuteur unique qui gère l’ensemble des démarches :

  • Évaluation du bien ;
  • Décision de vente ou de mise en location ;
  • Travaux éventuels de rénovation ou de remise aux normes ;
  • Démarches administratives (contrats, courrier, transferts) ;
  • Ameublement et mise sur le marché ;
  • Gestion locative ou vente finale.
     
Crédit photo : © iStock

L’enjeu, ce n’est pas seulement de vieillir, mais de bien vieillir, dans la dignité, la sécurité et le lien social.

« Nous nous occupons de tout, explique Louis Leduc. Le senior et sa famille n’ont plus qu’à se concentrer sur l’essentiel : préparer sa nouvelle vie et profiter du temps ensemble. »

Ce modèle permet aussi de financer le séjour en résidence senior ou en EHPAD grâce à la valorisation du logement laissé vacant, soulageant ainsi la charge financière des familles.

Répondre à un besoin massif

En France, près de 80 % des seniors sont propriétaires. Pourtant, leur logement devient souvent inadapté avec l’âge. Et face à la complexité des démarches, beaucoup hésitent à franchir le pas de quitter leur domicile. Résultat : de nombreux seniors se retrouvent isolés, parfois dans des conditions précaires. « Nous voulons apporter de la sérénité dans cette étape de vie, affirme Louis Leduc. Nos clients sont souvent veufs ou veuves, confrontés à la solitude, et leurs enfants n’ont pas toujours le temps ou la disponibilité pour gérer ce processus lourd. Notre rôle, c’est d’enlever cette charge logistique afin que les familles puissent se concentrer sur l’humain. »

En 2 ans d’existence, Gaston Immo a accompagné plus de 80 familles. L’entreprise vise désormais à doubler ce chiffre, avec plus de 200 accompagnements prévus l’an prochain. Les retours sont unanimement positifs, tant du côté des seniors que des familles et des partenaires (résidences services, EHPAD). « Nous avons des témoignages de familles soulagées et de seniors heureux d’avoir franchi le pas. C’est ce qui nous motive. »

Au-delà de son activité, Louis Leduc insiste sur la nécessité de penser collectivement la question du bien vieillir. « Nous entrons dans une nouvelle ère démographique. À partir de 2027, une vague massive de seniors deviendra dépendante. Nous devons anticiper dès maintenant. Les pouvoirs publics seuls ne pourront pas tout faire. Il faut des synergies entre collectivités, entreprises privées et associations. » Pour le fondateur de Gaston Immo, les Assises de la Longévité organisées par la Région Île-de-France apparaissent alors comme essentielles. « Elles permettent de réunir tous les acteurs autour d’une même table et de définir des lignes directrices. L’enjeu, ce n’est pas seulement de vieillir, mais de bien vieillir, dans la dignité, la sécurité et le lien social. »

Témoignage

Louis Leduc, fondateur de Gaston Immo

  • Santé - Social

Louis Leduc (au centre), Romain Lyon (à gauche) et Jérémy Levy (à droite) sont les fondateurs de Gaston Immo.

Pouvez-vous présenter Gaston Immo en quelques mots ?

Louis Leduc : Gaston est la solution qui accompagne les seniors qui quittent leur logement pour partir dans une résidence senior. On facilite toutes leurs démarches, du déménagement jusqu’aux questions liées à l’immobilier qu’ils quittent.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse de Gaston Immo ?

L.L : Gaston, c’est le surnom de mon grand-père. Quand il est parti en résidence senior, plein de questions se sont posées : à qui s’adresser, comment gérer autant de prestataires ? C’est là que je me suis dit que tout le monde vit cette situation avec ses grands-parents. La population vieillit, tout le monde ne pourra pas rester à domicile. Il fallait trouver une solution qui aide les familles et les seniors à vivre plus sereinement ce dernier grand déménagement. Le projet est donc né d’une problématique familiale.

Comment ça marche concrètement ? Quelles sont les étapes ?

L.L :  On commence par comprendre le projet du senior : pourquoi veut-il partir, où va-t-il s’installer ? Ensuite, on regarde les aspects financiers : retraite, revenus, épargne, coût de la résidence. On échange aussi avec la famille pour que tout le monde soit aligné. Puis vient la question de l’immobilier : faut-il vendre ou louer le logement pour financer la nouvelle vie ? Ensuite, on s’occupe des aspects logistiques (déménagement, tri, revente ou don de mobilier, démarches administratives comme les contrats et le courrier). Enfin, on supervise la partie immobilière jusqu’à la vente. Tout cet accompagnement est inclus dans les honoraires immobiliers, sans aucun surcoût pour les familles.

Donc si je suis senior, propriétaire, et que je ne peux plus vivre seul, je vous contacte et vous m’accompagnez ?

L.L : Exactement. Que ce soit pour vendre ou louer, on prend en charge tous les besoins en coordonnant les bons prestataires. Le senior n’a qu’un seul contact : nous. On est un peu le chef d’orchestre de la transition. Le senior choisit ce qu’il emporte et se projette dans sa nouvelle vie. Nous, on s’occupe du reste, grâce à nos partenariats avec des résidences seniors et des EHPAD. Souvent, le parcours client commence par un conseiller en résidence qui renvoie vers nous.

Qu’est-ce qui rend Gaston Immo innovant et accessible ?

L.L :  Déjà, il faut savoir que 80 % des seniors sont propriétaires. Mais propriétaire ne veut pas dire riche. Nos clients sont majoritairement des retraités de classe moyenne. Or, à 90 ans, les retraites ne suffisent souvent pas à financer une maison de retraite. En parallèle, leurs enfants – souvent déjà retraités eux-mêmes – ont leur propre vie et ne peuvent pas tout gérer. Les seniors se retrouvent face à une montagne de démarches, ce qui les décourage, alors que des solutions adaptées existent. Notre rôle est d’apporter sérénité et simplicité pour leur permettre de franchir le pas.

Quels retours avez-vous depuis le lancement ?

L.L :  Gaston Immo existe depuis 2 ans. Les partenaires (EHPAD, résidences seniors) sont très satisfaits car nous facilitons la transition et apportons des familles qui n’auraient peut-être pas franchi le cap. De leur côté, les seniors apprécient la bienveillance et la sérénité que nous apportons. Enfin, les familles sont soulagées : elles n’ont pas payé plus cher qu’avec un autre acteur, tout a été géré, et elles retrouvent un parent plus heureux et en sécurité.

Quel est le bilan après 2 ans d’activité ?

L.L :  Nous avons accompagné plus de 80 familles depuis le lancement. En 2026, nous visons plus de 200 accompagnements, car le besoin est immense : chaque année, des centaines de milliers de seniors vivent ce passage.

Le plus difficile, c’est de casser les idées reçues sur les résidences seniors et l’EHPAD ?

L.L :  Dans la réalité, la transition est souvent engagée trop tard : non pas au décès, mais lorsque la personne n’est plus vraiment dans le “bien vieillir”. Notre rôle est d’aider à franchir le cap avant qu’il soit trop tard. Beaucoup pensent encore que partir en résidence, c’est “aller mourir”. Mais aujourd’hui, il existe une offre très diversifiée : intergénérationnel, cohabitation senior, résidences services seniors, EHPAD modernisés… Souvent, ce sont les enfants qui freinent par peur ou par mauvaise image, alors que les seniors eux-mêmes expriment leur solitude et leur désir de changement. Nous aidons à rétablir le dialogue familial et à montrer que c’est une nouvelle étape de vie, pas une fin.

Vous êtes incubés au Perqo depuis plus d’un an, comment la Région vous soutient-elle au quotidien ?

L.L : Le Perqo, c’est un cadre très stimulant avec des synergies entre start-up, un accompagnement fort de la Région et un environnement de travail motivant. On aimerait prolonger cette expérience aussi longtemps que possible !

La Région organise cette année les Assises de la longévité. Que représente pour vous cette initiative de la part d’un pouvoir public ?

L.L : La longévité, ou le « bien vieillir » est un enjeu de société majeur, d’autant que la France va être confrontée à un vieillissement massif. Le bien vieillir concerne à la fois la qualité de vie et la soutenabilité économique. La Région et les pouvoirs publics doivent prendre le sujet au sérieux, mais aussi s’appuyer sur les sociétés privées. Ces Assises sont l’occasion de réfléchir collectivement aux lignes directrices à long terme.

Si vous deviez proposer une mesure régionale pour encourager votre modèle ou des modèles similaires en faveur des seniors, quelle serait-elle ? 

L.L : Ce n’est pas simple. Faut-il financer l’aide à domicile, les hébergements, les startups innovantes ? Ce qui est certain, c’est qu’il faut encourager les synergies plutôt que saupoudrer des aides isolées. On sait que 2027 sera une année charnière avec le “papy boom” et l’arrivée massive de la dépendance. Il faut un plan stratégique à long terme, à l’image de ce que font certains pays comme le Japon ou la Chine, qui réfléchissent sur 50 ans et pas sur 5 ans.

Où voyez-vous Gaston Immo dans cinq ans ?

L.L : Nous espérons devenir la référence en France pour accompagner la transition des seniors. Être l’acteur auquel familles et partenaires pensent immédiatement pour une transition sereine et réussie.

Le Perqo : l'incubateur de la Région pour les innovations à impact

Crédit photo : © Région Île-de-France

Accueillir des start-up innovantes dans un environnement moderne, ouvert, connecté, au cœur des réseaux et écosystèmes animés par la Région, le tout à un tarif imbattable, c’est le pari du Perqo : le 1er incubateur d’entreprises proposé par une Région au cœur même de ses locaux

Axé autour de 3 grandes thématiques (handicap, sport et transition écologique), le Perqo a soutenu depuis sa création en 2023 de nombreuses jeunes pousses de l’écosystème économique francilien.

En fonction de leurs besoins spécifiques, les incubés ont le choix entre 2 formules d’accompagnement personnalisées :

  • Expresso : une formule de 6 mois d'incubation avec un accompagnement poussé via un parcours pédagogique composé d’ateliers, de rendez-vous mensuels de coaching personnalisés et d'entraînements au pitch. Les projets sont intégrés dans un écosystème de plus de 1 000 entrepreneurs qui bénéficient de rencontres avec les agents de la Région.
  • Lungo : destinée aux projets plus matures, cette formule propose 12 mois d’incubation pendant lesquels le projet et son équipe font partie de l’écosystème du Perqo. Ils peuvent rencontrer des experts sur les 3 thématiques de l’incubateur et bénéficier de mises en relation pour d’éventuels partenariats.

Pour aller plus loin

  • Actualité

L'action régionale en faveur des seniors franciliens