mode Ouvrir l’univers du dessin de mode et des arts visuels à la jeunesse francilienne, telle est l’ambition du 0-93 Lab. Implanté dans les locaux d’un ancien commissariat réhabilité à Aulnay-sous-Bois (93), et inauguré en 2025, ce lieu culturel soutenu par la Région propose des ateliers gratuits encadrés par des professionnels reconnus.
Le 0-93 Lab c’est l’incroyable histoire d’un ancien commissariat au cœur de la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois (93) reconverti en centre culturel dédiés aux arts visuels et au design de mode. Nous sommes allés à sa découverte.
Un espace dédié à la mode
Soutenu par la Région à hauteur de 150 000 euros, le lieu propose gratuitement workshops, programmes éducatifs extra-scolaires et évènements culturels. Il est doté d’un espace de 325 m², équipé de machines industrielles et de matériels professionnels, pour diverses activités : couture, broderie, modélisme, teinture, sérigraphie, studio pour la photographie et la vidéo, une salle d’exposition et de projection.
Pensé comme un véritable écosystème créatif, ce lieu est à la fois un atelier, un espace d’apprentissage et un tremplin vers l’avenir. Il symbolise l’ambition régionale de faire de la culture un levier d’émancipation, d’inclusion et de transformation sociale.
Initier les nouvelles générations aux métiers de la mode
En arrivant sur place, on découvre l’inscription « 0-93 Lab » qui s’étale sur une fenêtre au rez-de-chaussée d’un immeuble à l’entrée de la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois (93). Une fois la porte poussée se dévoilent plus de 300 mètres carrés d’ateliers dédiés à toutes les étapes de la conception d’un vêtement : le travail du tissu, la teinture, la couture, la sérigraphie. Chaque pièce du lieu est équipée de matériel de pointe.
« On a pensé 0-93. Lab comme un endroit hybride pour la création, accessible pour les personnes qui habitent à côté. On l’a conçu sans exemple ni modèle, avec une grande liberté. On se laisse la place de rêver », raconte Bastien J. Laurent, designer, fondateur du label de mode AVOC et aulnaysien de naissance.
Avec son ami Christopher Lila, ils ont co-fondé l’association 0-93. Lab en 2019 comme un projet éphémère, avant de constater peu à peu que les besoins étaient réels sur le territoire. Depuis, ils ont mené 200 workshops, des ateliers gratuits qui initient au design de mode et aux arts visuels, ainsi que divers événements culturels avec Lisa Moussi, responsable de la programmation et unique salariée à temps plein de l’association.
Un ancien commissariat devenu lieu de création
En 2023, l’équipe se lance dans la réhabilitation d’un commissariat fermé depuis plusieurs années, notamment grâce l’aide de la Région Île-de-France pour le soutien aux initiatives d'urbanisme transitoire et à un partenariat avec le groupe de luxe Kering. Cet espace, inauguré en juin 2025, fait de la culture un levier d’émancipation.
Au fil des années, la mission initiale du 0-93 Lab ne dévie pas : construire des passerelles entre la jeunesse du Grand Paris et les industries créatives. « Lors d’un workshop au printemps, des designers de Balenciaga ont accompagné sept jeunes à réaliser leur propre création », explique Lisa Moussi.
En ce début du mois d’octobre débute un atelier consacré au shooting des pièces créées quelques mois plus tôt. Moïse Luzolo, directeur artistique et photographe, est lui aussi originaire de la cité des 3 000. Sur ce projet, il encadre 7 jeunes Franciliens sélectionnés, tous issus de Seine-Saint-Denis. « C’est un kiff », résume-t-il, « je suis honoré et fier de pouvoir participer à un tel projet et de transmettre. »
Ils commencent par travailler à la pré-production des photos à travers un moodboard, un pêle-mêle d’images pour s’inspirer et se projeter : « L’idée, c’est de leur expliciter les notions techniques : comment fonctionne un studio, la composition des photos avec la lumière, les fonds utilisés et tous les paramètres à prendre en compte pour se rapprocher du rendu que les jeunes souhaitent. »
Les 2 dernières journées de la session seront consacrées à la réalisation du shooting dans un studio professionnel parisien qui assurera la post-production des images.
Ouvrir des horizons professionnels
La journée se déroule au milieu des prototypes et patrons suspendus, des machines à coudre, des surjeteuses utilisées pour les finitions et d’une grande quilteuse pour le matelassage des vêtements.
Juste à côté sont stockés les tissus, des dons des maisons Balenciaga et Yves Saint-Laurent pour la plupart. Dans ce cocon créatif, chacun est concentré derrière son ordinateur.
Yvan, 25 ans, compile des photos évocatrices de maquillage et de coiffure pour les mannequins. Il a déjà participé à plusieurs ateliers du 0-93. Lab : « Depuis petit, je suis passionné par la mode, mais aucun proche ne pouvait me conseiller dans cette voie. Je me disais que ce milieu n’était pas fait pour moi. Grâce à 0-93. Lab, j’ai découvert tout un écosystème de métiers. » nous explique-t-il.
Sanaa, pas encore la vingtaine, approuve : « Habituellement, on n’a pas accès à cet univers en banlieue. J’apprends la couture, la teinture, la sérigraphie, la photo. Je sais maintenant que c’est ce que je veux faire de ma vie. »
Bastien J. Laurent suit et croise régulièrement les jeunes créatifs passés par son association ces dernières années. Grâce à leur travail et à l’impulsion donnée par l’association, notamment pour la préparation aux écoles d’art et de design, certains ont réussi à percer dans cette industrie qui les faisait tant rêver. « J’espère que nous allons trouver un chemin pour continuer à exister sur le long terme. C’est toute l’énergie que nous déployons qui permet à ce projet de se poursuivre. » nous explique Bastien.
Depuis quelques temps, l’équipe réfléchit à une programmation culturelle pertinente, qui soit à l’image de leur manifeste « a space between Paris and the rest of the world » – un espace entre Paris et le reste du monde –, tout en espérant que le modèle de 0-93 Lab pourra essaimer, de fil en aiguille, sur d’autres territoires.
L'urbanisme transitoire en Île-de-France
La Région Île-de-France a fait de l’urbanisme transitoire l’une de ses priorités dans l’aménagement de son territoire. Depuis 2016, ces initiatives ont bénéficié d'un financement de 14 millions d'euros de la Région Île-de-France et ont permis de transformer utilement plus de 1 million de m² de foncier sur le territoire, dont 60 % dédiés à des espaces verts accessibles au public.