Le rapport de la Chambre régionale des comptes reconnaît la bonne gestion de la Région Île-de-France sur la période 2019-2024 dans un contexte pénalisant de ponction par l’Etat de ses ressources.

Le 19 novembre 2025, le Conseil régional d’Île-de-France a examiné le rapport d’observations définitives de la Chambre régionale des comptes (CRC), portant sur la gestion de la collectivité entre 2019 et 2024. Ce rapport souligne la bonne gestion de la Région Île-de-France. Il montre que la collectivité a une situation financière solide, résultat d’une stratégie fondée sur la maîtrise de ses dépenses en dépit de moindres recettes.

La Région Île-de-France a réussi à faire mieux avec moins

Le rapport de la Chambre régionale des comptes met en lumière un fait majeur : la Région Île-de-France réussit à faire mieux avec plus d’investissements malgré une baisse de ses recettes. La région a augmenté de plus de 5 % ses dépenses d’investissement soit près de 400 Millions d'euros au service des Franciliens, essentiellement dans les transports et dans les lycées, qui souffraient de sous-investissements chroniques. Si les recettes par habitant sont plus faibles pour l’Île-de-France que pour les autres régions, la Région Île-de-France consacre davantage de financement aux dépenses d’équipement que les autres régions : +16 % par rapport à la moyenne nationale (56 € contre 48 € par habitant).

Pour ce faire, la Région Île-de-France a accompli des efforts de grande ampleur pour maîtriser les dépenses de fonctionnement. Sur la période 2015 à 2024, les dépenses de fonctionnement de la région ont augmenté moins vite que l’inflation, ce qui équivaut à des économies de plus de 200 millions d’euros, réalisées grâce à la fermeture de 15 strutures para-régionales ou le déménagement du siège à Saint-Ouen qui a divisé par deux le prix des surfaces au m2. En 2023, la Région Île-de-France affiche ainsi des dépenses réelles de fonctionnement par habitant inférieures de 23 % à la moyenne nationale des régions métropolitaines (247 € contre 322 €). Cette discipline budgétaire s’est accompagnée d’une baisse des effectifs de l’administration sauf dans les lycées, où les besoins étaient importants (+ 349 dans les lycées, - 210 au siège). Conséquence directe de cette stratégie : les dépenses de personnel ne représentent en 2023 que 20 % du budget de fonctionnement régional, contre 24,3 % en moyenne dans les autres Régions.

Une situation financière saine dans un environnement financier dégradé

La capacité de désendettement de la Région s’améliore, passant de 7,5 années en 2015 à 6,1 années fin 2024. Le ratio d’endettement reste stable, avec une dette de 6,3 Md€ en 2024. La solidité financière de la collectivité est également reconnue par les agences de notation Fitch et Moody’s, qui lui maintiennent la meilleure note possible pour une collectivité régionale française.

La contrainte croissante qui pèse sur les finances de la Région Île-de-France est aussi illustrée par la quasi-disparition de ses marges de manœuvre fiscale. La Chambre relève en effet que l’autonomie fiscale est passée de 54 % en 2019 à 7 % en 2023 du fait des différentes réformes décidées par l’Etat.

Les Franciliens s’acquittent deux fois de la solidarité financière avec les autres régions : par les charges de centralité et par la péréquation

Ces résultats sont d’autant plus remarquables que la Région affiche un niveau de ressources faible en comparaison des autres régions. En 2023, ses recettes réelles de fonctionnement par habitant sont de 328 €, contre 401 € en moyenne dans les autres régions. Cela représente un net décalage avec les charges spécifiques qui pèsent sur l’Île-de-France en raison de son rôle de région capitale (infrastructures de transports  - 70 % des voyageurs SNCF en France sont en région parisienne -, d’enseignement supérieur et de recherche qui bénéficient à tous le pays) et de ses fragilités démographiques et sociale (un taux de pauvreté supérieur à la moyenne nationale, 40 % de la population immigrée du pays,).

Dans le même temps, la péréquation horizontale impose à l’Île-de-France un prélèvement annuel de plus de 1 Md€ dont la Chambre relève qu’il est désormais « invisibilisé » dans les comptes depuis la réforme de la CVAE. Cette contribution représente plus de 95 % de la péréquation des régions. 

Dans son intervention en séance, Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île-de-France, a salué un rapport qui « confirme noir sur blanc la rigueur de gestion de la Région », tout en pointant « une injustice majeure » dans le système de répartition des ressources publiques. « Comment justifier que la Région qui a le moins de recettes par habitant soit celle qui contribue le plus à la péréquation ? » a-t-elle interrogé, avant d’ajouter : « L’État, lui, continue de se désengager ».

La Présidente a également rappelé que cette situation prive la collectivité de marges de manœuvre indispensables pour faire face aux besoins croissants des Franciliens, notamment dans les transports, l’éducation, l’environnement et le logement.

Des recommandations qui viennent alimenter des démarches déjà engagées

La Région a d’ores et déjà engagé la mise en œuvre des recommandations de la CRC, dans le cadre notamment du chantier de certification des comptes prévu à partir de 2026. Il s’agit notamment de la réduction des délais de paiement, de l’amélioration de la qualité comptable et d’une meilleure lisibilité des documents budgétaires.

En conclusion, Valérie Pécresse a appelé à une réforme du système de financement des régions : « La bonne gestion ne peut pas être systématiquement pénalisée. Il est temps que l’État entende la voix de l’Île-de-France. »

Contact presse – servicepresse@iledefrance.fr