Étude de l’écosystème hydrogène en Vallée de Seine

La Région Normandie et la Région Île-de-France, avec le soutien de l'État, ont porté une étude collaborative qui avait pour objectif d’élaborer un schéma opérationnel interrégional Normandie Île-de-France de déploiement de l'hydrogène renouvelable et bas carbone (production, distribution et usages) en vallée de Seine. 

Le champ géographique considéré pour l'étude concerne le périmètre de la Vallée de Seine tel que défini dans le Contrat de Plan Interrégional État-Régions (CPIER) « Vallée de Seine » élargi à l’intégralité des territoires normand et francilien. 

État des lieux et prospectives

L’état des lieux a permis de recenser un volume de production prévu de 162 kilotonnes d’hydrogène et une capacité de distribution d’environ 29 tonnes par jour à horizon 2030. 

La grande majorité de la production est située en Normandie avec 132 kilotonnes et l’axe Seine et l’Île-de-France dessinent une grande zone de consommation du fait des complexes industrialo-portuaires et des aéroports parisiens. 

Actuellement le périmètre Normandie - Île-de-France dispose de :

• 366 kt H_²/an de consommation actuelle (fossile),
• 2 réseaux de transport de dérivés de l’H_², une canalisation H_² et des projets de nouvelles canalisations de transport d’H_²,
• Une cinquantaine de stations de distribution dont 25 opérationnelles aujourd’hui pour plus de 6 tonnes/jour de capacité,
• Des usages mobilités déjà déployés (taxis, bus, cars, BOM…),
• De nouveaux projets annoncés

La seconde phase d’étude prospective a permis d’étudier les besoins futurs en hydrogène à horizon 2035 pour l’industrie et les différentes formes de mobilité (aérienne, routière, maritime et fluviale). Le scénario de consommation retenu prévoit une consommation d’environ 380 kilotonnes d’hydrogène bas carbone en Vallée de Seine à horizon 2035 (hors H_² « bleu »), principalement à destination des carburants d’aviation durable.

Les productions massives seraient ainsi majoritairement consacrées à la production d’e-carburants et de dérivés de l’hydrogène pour les industries, avec des mises en service prévues d’ici 2030 si les projets passent l’étape de la décision finale d’investissement.

La Vallée de Seine, un territoire stratégique

La Vallée de Seine constitue un territoire stratégique pour le développement de l’hydrogène et sa filière, à la fois zone de production, de consommation, de transit de l’H_² et de ses dérivés : 

• Un futur territoire de production massive d’H_² renouvelable et bas carbone et ses dérivés, en Basse Seine et autour de 2 zones industrialo-portuaires disposant de consommateurs d’H_² matière, de CO_², d’infrastructures et de capacités électriques,
• Un potentiel axe logistique clé de l’H_² et ses dérivés, avec un hub de production, potentiellement d’importation, et plusieurs réseaux existant (TRAPIL, canalisation AL) ou en devenir (GRT Gaz) permettant d’irriguer d’autres régions en France et en Europe,
• Une zone de consommation importante d’H_² pour une diversité d’usages de dimension stratégique nationale : production d’ammoniac, de carburant, décarbonation des flux routiers passant par l’Île-de-France et d’une grande partie de l’aviation civile,
• Une vitrine du développement de l’H_² renouvelable et bas carbone, avec déjà plusieurs projets déployés illustrant le caractère concret des solutions H_² et de nombreuses expérimentations prometteuses pour la filière : bus et cars rétrofités, barges H_², H_² liquide…,
• Une zone d’attractivité pour la filière H_² : présence d’acteurs historiques de l’H_², premiers grands projets et projets opérationnels, métropoles dynamiques…,
• Un territoire avec ses défis : connecter ses écosystèmes, passer les décisions finales d’investissement des grands projets, surmonter les ralentissements sur la mobilité routière H_², anticiper la montée en puissance des besoins liés à l’aérien, dérisquer la baisse d’activité des industriels consommateurs d’H_² matière, déployer plusieurs grands projets simultanément.

Élaboration d’un schéma directeur d’infrastructures

L’identification d’un scénario de référence a permis de réaliser une analyse d’écart entre besoins potentiels et projets déjà enclenchés à 2030 et 2035 : près de 218 kilotonnes manqueraient à 2035 pour répondre à la demande. De nouvelles productions électrolytiques seraient en effet nécessaires pour couvrir une partie de la demande.

Le développement de l’H_² est soutenu par de premières infrastructures de transport d’hydrocarbures et d’H_² conventionnel et pourrait à terme bénéficier d’infrastructures complémentaires. Le déploiement d’un réseau de 40 stations supplémentaires serait nécessaire pour couvrir les besoins de mobilité à horizon 2030 en Vallée de Seine, puis 118 pour couvrir les besoins de mobilité à horizon 2035. 

La mise en place des infrastructures implique un déploiement soutenu entre 2025 et 2035, soit un investissement d’environ 2,4 milliards d’euros, permettrait d’éviter 1,7 MtCO_²eq et contribuerait à créer environ 1 300 emplois d’ici 2035.