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charge mentale Maydée est une application Web, cofinancée par la Région Île-de-France, qui permet de quantifier l'investissement des femmes au sein de la sphère domestique, familiale. Explications de sa conceptrice, Julie Hebting. 

Julie Hebting travaille dans l’économie circulaire. Elle est responsable  nationale de groupe chez Emmaüs France. Elle a aussi participé à l'ouverture de la Boutique sans argent, première boutique gratuite à Paris.

À l'arrivée de son premier enfant, elle a pris conscience de la charge mentale qui lui était imposée en tant que femme et compagne. Elle a décidé de réagir en créant l’association puis l’application Maydée. Une démarche que la Région a soutenue à hauteur de 15.000 euros dans le cadre d'un appel à projets dédié à l'égalité femmes-hommes et aux conséquences des discriminations.

Car, derrière ce nouvel outil digital lancé le début avril 2020, il y a bien un enjeu de société : l’égalité femmes-hommes.

Charge mentale : des constats et une solution innovante 

Maydée : un nom qui en dit long 

  • Maydée = May(day) +(Mé)dée  
  • Mayday : pour l'appel de détresse. Ce que peuvent ressentir certaines femmes à devoir tout gérer. 
  • Médée : pour le mythe de Médée, la référence au sacrifice. 
  • Dans Maydée, on peut entrendre « maid », la servante, en anglais, et aussi « m'aider »

En quoi la répartition des tâches domestiques et des responsabilités familiales sont des facteurs d’inégalités entre les hommes et les femmes, selon vous ?

Julie Hebting : J’ai commencé à faire des recherches sur ce sujet en tant que jeune maman. Je ressentais des problématiques organisationnelles. Je me suis vite rendue compte que ça n’était pas un problème d’organisation. C’est plus global, plus systémique. Aujourd’hui, les femmes effectuent plus de 70% des tâches domestiques. C’est ce que François de Singly a nommé « l'injustice ménagère ».

Les hommes ont majoritairement une surreprésentation de leurs tâches. Les femmes les sous-estiment, parce qu’elles les accomplissent automatiquement. Nous vivons encore dans une société où les hommes occupent l’espace public alors que les femmes occupent l’espace privé. Le travail domestique des femmes reste invisible parce qu’il ne produit « rien » : donner un bain, laver la maison… Tous ces travaux, peu rémunérateurs, font pourtant partie des travaux les plus utiles. Monter un meuble, c’est visible. Le bricolage, qui est assimilé à une activité masculine, fait d’avantage référence à la notion de loisir.  

Les hommes ont majoritairement une surreprésentation de leurs tâches. Les femmes les sous-estiment, parce qu’elles les accomplissent automatiquement.

Pourquoi créer une application Web pour estimer la charge mentale ?

J. H. : Pour rendre visible l’invisible. À l’arrivée d’un premier enfant les choses se compliquent pour les femmes. Elles subissent plus. On note une accélération des inégalités et un décrochage dans leur parcours professionnel notamment à cause du congé maternité. Pour ma part, j’utilisais beaucoup d’applis, pour l’allaitement, par exemple. J’ai pensé que ce genre d’outil était parfaitement adapté à ma situation. L’idée de proposer un outil de décompte des tâches domestiques m’est venue suite à une dispute de couple. J’ai noté tout ce que je faisais dans mon foyer. Grâce à ça, j’ai pu constater que je sous-estimais mon propre travail domestique

Une application Web gratuite pour quantifier sa charge domestique

Comment fonctionne l’application Web Maydée ?

J. H. : L’application Web Maydée est totalement gratuite et accessible à tous. Nous comptons sur les dons pour faire vivre l’association. On y accède via notre site internet www.maydée.fr

Nous proposons à chaque partenaire d’un foyer un outil de diagnostic. Il n’a pas vocation à organiser le temps mais à accompagner les femmes, en majorité les mères. Nous nous sommes basés sur les catégories Insee pour la développer : ménage, courses, cuisine, vaisselle, linge, soin des enfants, jeux avec les enfants, administration, bricolage… 

On peut renseigner une activité et le temps passé dessus à posteriori ou chronométrer en direct cette activité. Ensuite, on compare ce que chacun prend en charge au quotidien, on peut en débattre, ajuster, définir les priorités, équilibrer, à partir de données tangibles et non de représentations. Nous préconisons une utilisation sur 1 ou 2 semaines pour se rendre compte de qui fait quoi.

92% féminin

Le lavage du linge est à 92% assuré par des femmes, selon l'enquête Emploi du temps 2009-2010 (EDT) de l'Insee.

Réalisées tous les 15 ans, ces enquêtes décortiquent la journée des Français et des Françaises, et définissent le travail domestique.

Un soutien régional en faveur de l'égalité femmes-hommes

Qu’a apporté le soutien financier de la Région à cette initiative ?

J. H. : Nous avons découvert l’appel à projets de la Région pour l’égalité femmes-hommes, dans la newsletter du Centre Hubertine-Auclert. Nous avons obtenu une subvention de 15.000 euros qui nous a permis de développer l’application et de recruter un stagiaire. La sécurisation des données personnelles coûte très cher et elle est cruciale pour notre projet. C’est un vrai travail d’équipe, avec les bénévoles de l’association.

Nous travaillons actuellement sur une version Play Store. On envisage aussi des formations pour les hommes à la gestion du foyer et à l'éducation des enfants, afin de contribuer à l'évolution des mentalités. Un mois après le lancement de Maydée, nous comptons déjà 1.600 utilisateurs

À télécharger

  • Brochure égalité femmes-hommes

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