Mercredi 18 juin 2025 - Considérant le drame de Nogent, qui nous a toutes et tous bouleversés par sa violence, par les circonstances dans lesquelles il s’est produit, par le profil de l’auteur du crime, un collégien, et celui de sa victime, Mélanie, assistante d’éducation.
Considérant que ce drame fait écho à la montée des violences en milieu scolaire que nous constatons depuis le COVID et singulièrement depuis la rentrée scolaire 2024, ce qui fait qu’aujourd’hui les violences de tous ordres sont devenues une réalité pour tant d’écoles et d’établissements scolaires.
Considérant que les lycées doivent rester des sanctuaires pour nos élèves, nos professeurs et la communauté éducative en général et que la région Ile-de-France porte systématiquement plainte en cas de menace sur ses personnels ou de dégradations.
Considérant que, dès notre élection en décembre 2015, dans un contexte d’urgence « attentat », la Région a lancé l’acte I du bouclier de sécurité pour les lycées en réalisant des audits de sécurité qui ont conduit à proposer à tous les établissements différentes solutions sur une base volontaire : sécurisation des bâtiments, vidéoprotection à l’extérieur et à l’intérieur des bâtiments, création de brigades régionales de sécurité pour assurer une présence humaine et épauler les équipes de direction et les professeurs, actions de prévention et de cohésion au service des communautés éducatives.
Considérant que la Région a été résolument aux côtés des chefs d’établissement pour renforcer la sécurisation périmétrique et électronique des établissements et pour déployer la vidéoprotection à l’extérieur et à l’intérieur des lycées. Depuis 2016, la Région a déjà mené des travaux de sécurisation (vidéoprotection, sas, système anti-intrusion, clôture…) dans plus de 440 lycées publics et 127 lycées privés pour près de 220 M€. Demain, en commission permanente, nous voterons une nouvelle enveloppe de 6,4 M€ pour financer 17 lycées supplémentaires. Aujourd’hui, plus de trois-quarts des lycées ont demandé cette vidéoprotection et en sont donc équipés, le dernier quart n’en ayant pas exprimé le souhait.
Considérant qu’après la tragédie des assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard, nous avons adopté l’acte II du bouclier de sécurité régional en quadruplant les effectifs des BRS, passant de 25 à une centaine d’agents, répartis à la demande des proviseurs sur les situations de danger du territoire francilien. Depuis la rentrée de septembre, les BRS sont intervenues plus de 1400 fois dont près de 500 fois pour des interventions d’urgence. Ces brigades sont plébiscitées par les chefs d’établissement, dont beaucoup les voudraient à demeure dans leur lycée. Compte tenu de l’accroissement des effectifs, les BRS ont été placées sous la direction de la DGA en charge des ressources humaines de façon à garantir la qualité de leur recrutement, de leur formation et de la gestion à tout moment de leur exercice professionnel. Nous avons par ailleurs déployé les boutons d’alerte reliés aux forces de l’ordre : aujourd’hui 100% des lycées publics en sont équipés.
Considérant que l’exécutif a également souhaité porter des actions fortes de prévention au sein des lycées pour lutter contre le fléau des rixes de bandes alors que 84% d’entre elles ont lieu en Ile-de-France avec des violences chaque fois plus fortes et des protagonistes de plus en plus jeunes. Le 10 juin dernier, la Région a mis en place le réseau francilien de lutte contre les rixes pour mettre en relation les associations locales et historiquement engagées contre les rixes avec les acteurs institutionnels et les forces de l’ordre tels que les Conseils Locaux de Sécurité et de Prévention de la Délinquance et de Radicalisation (CLSPDR), les préfectures, la police nationale ou encore les Brigades Régionales de Sécurité (BRS). Au total, depuis des années, ce sont des dizaines d’actions fortes en matière de prévention qui ont été financées.
Considérant que ces actions sont complétées au sein de chaque lycée qui en fait la demande par une expérimentation « zéro portable en cours » pour lutter notamment contre le cyber harcèlement contre les élèves ou contre les professeurs.
Considérant enfin que dans la cadre de la lutte contre la délinquance des jeunes, l’Agence régionale des Travaux d’Intérêt Général a été mise en place par la région en 2022 pour augmenter les postes de TIG afin de lutter efficacement contre la récidive et donner une dimension réparatrice à la peine.
L’exécutif régional souhaite aujourd’hui franchir une troisième étape dans sa lutte contre les violences dans et aux abords des lycées en engageant les actions suivantes :
Parce qu’elles sont sans cesse plus sollicitées et appréciées des communautés éducatives, doubler le nombre de brigades régionales de sécurité d’ici la fin du mandat, ce qui permettra notamment d’installer des BRS à demeure dans les établissements les plus à risques. Un appel à manifestation d’intérêt sera lancé à la rentrée 2025 auprès des proviseurs.
Institutionnaliser le « conseil de sécurité des lycées publics et privés franciliens » que réunit la Présidente avec l’ensemble des proviseurs et secrétaires généraux d’établissement : ce conseil de sécurité a vocation à partager les retours des acteurs de terrain, leurs demandes et propositions en matière de sécurisation ; il se réunira a minima une fois par an et autant que nécessaire si les circonstances l’exigent.
Accélérer et généraliser le raccordement des caméras des lycées aux centres départementaux de supervision, à l’image de ce que nous faisons dans le Val d’Oise. Nous voterons à la commission permanente du mois de juillet la convention permettant le raccordement et le visionnage de manière centralisée en un même lieu sécurisé de l’ensemble des caméras des lycées du Val d’Oise. Ce centre fonctionnera 24/24h et 7 jours sur 7, notamment la nuit, le week-end et les vacances, pour que la sécurité ne repose pas uniquement sur les personnels sur site. Ce centre sera exploité en lien étroit avec les forces de l’ordre et contribuera à la sécurisation des établissements. Nous proposerons aux autres départements de dupliquer cette démarche.
Généraliser l’expérimentation du « zéro portable en cours » à tous les lycées, la Région finançant les casiers nécessaires.
Le conseil régional mandate également la présidente pour exiger du gouvernement les mesures suivantes :
Assurer à tous les professeurs et les personnels le bénéfice d’une assurance professionnelle payée par l’Etat afin de garantir l’automaticité de leur protection juridique. Alors que les demandes de protection fonctionnelle ont explosé, seules deux-tiers d’entre elles ont pu être honorées, ce qui n’est pas acceptable. Il n’est pas tolérable non plus que les professeurs aient à payer eux-mêmes leur assurance professionnelle qui est la seule à leur offrir la possibilité, par exemple, de recourir à un avocat pour les défendre lorsqu’ils sont la cible d’injure, de harcèlement ou de violence.
Créer une amende pénale pour outrage scolaire envers un membre de la communauté éducative de 150€, qui peut être saisie sur les allocations familiales.
Tenir les conseils de discipline pour les faits les plus graves en mairie sous la co-présidence du proviseur et du maire ou de son représentant, pour éviter les stratégies d’intimidation sur les professeurs et pour informer le maire des faits qui se déroulent au sein des établissements de sa commune afin qu’il puisse y répondre dans le cadre du Conseil pour les Droits et les Devoirs des Familles ainsi que du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation.
Créer dans chaque département francilien une structure spécialisée de rescolarisation pour que les élèves exclus de manière définitive d’un établissement ne soient plus réinscrits dans un établissement normal. Il ne faut plus réinscrire au sein des lycées les élèves qui ont été exclus de manière définitive d’un établissement par conseil de discipline mais il faut créer des structures spécialisées pour leur rescolarisation. A cet effet, si l’Etat s’y engage, la région Ile-de-France financera la création d’une structure de ce type par département.
Adresser une instruction du Garde des sceaux à tous les parquets afin que les actes de violence en milieu scolaire soient systématiquement poursuivis en comparution immédiate s’il s’agit d’un mineur de plus de 16 ans ou d’un parent.
Engager une politique résolument pro-active et innovante pour restaurer l’attractivité des métiers liés à la santé des lycéens (revalorisation, conditions de travail, possibilité d’exercice partagé, médecine scolaire/médecine de ville) et mettre ainsi fin à la pénurie de médecins, d’infirmiers, de psychologues scolaires, d’assistantes sociales face à la souffrance psychologique et mentale de notre jeunesse lycéenne.
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