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La Région Île-de-France a signé récemment avec la Communauté d’agglomération Grand Paris Sud, la ville de Corbeil-Essonnes et l’entreprise Moulins Soufflet une convention de partenariat pour l’étude et la valorisation du patrimoine des Grands Moulins de Corbeil-Essonnes (2018-2020)*. Présentation du projet par Nicolas Pierrot, conservateur en chef du patrimoine à la Région Île-de-France, spécialiste du patrimoine industriel et responsable de cette étude pour la Région.

Pouvez-vous nous dire en quoi les Grands Moulins de Corbeil représentent un site majeur du patrimoine industriel régional ?

Les Grands Moulins de Corbeil répondent à tous les critères d’un site exceptionnel : une histoire millénaire (le premier « Moulin du Roy » est attesté au XIIe siècle), une architecture monumentale et prestigieuse (due aux spécialistes des « belles usines » que furent Jules Denfer, Paul Friesé, Albert Brion, Eugène Haug ou Paul Marozeau), un soin particulier apporté aux décors d’inspiration médiévale (la tour élévatrice de 1893 est protégée au titre des Monuments historiques depuis 1987), une morphologie complète (aucun organe ne manque à l’appel !), enfin la présence d’une chaîne opératoire en fonctionnement permettant de comprendre le rapport entre l’architecture et les manières de produire. Les Grands Moulins de Corbeil sont longtemps restés la plus grande minoterie de France, transformant les blés de Beauce et de Brie pour nourrir les ventres de l’une des plus grandes métropoles mondiales… Avec les autres « grands moulins » d’Île-de-France (ceux de Pantin et de Paris notamment), ils sont la source d’un symbole : le pain des Parisiens.

Pourquoi la Région et notamment le service Patrimoines et Inventaire contribuent-elles à cette étude ?

Depuis les années 1980, les chercheurs de notre institution ont acquis une grande expérience dans l’inventaire du patrimoine industriel. Il s’agit aujourd’hui de faire fructifier cet héritage, au service d’un projet-phare. En 2003 déjà, une étude approfondie des Grands Moulins de Pantin – associant étude du bâti, inventaire des machines, photographies et témoignages – avait permis d’accompagner un grand projet de reconversion, grâce à l’engagement conjoint de la municipalité, du Département et de la Région. Plus récemment, un partenariat avec le Département de la Seine-et-Marne nous a permis d’explorer en profondeur l’histoire et le patrimoine industriels de la vallée de la Seine. Par suite, l’étude des Grands Moulins de Corbeil nous permet d’étudier en détails une troisième œuvre majeure de l’architecte Paul Friesé – après « l’usine-cathédrale » de Champagne-sur-Seine et l’ancienne manufacture de papiers-peints Leroy devenue « Espace Culture Les 26 Couleurs » – et de l’inscrire dans l’histoire longue de son territoire.

Quels sont les enjeux de ce projet ?

Les enjeux du projet sont pluriels et intéressent, à des niveaux divers, les partenaires associés. Ils relèvent de la connaissance historique (il n’existe pas de synthèse historique sur les Grands Moulins de Corbeil), de la compréhension et de la valorisation du patrimoine industriel non accessible et qu’il faudrait rendre visible et lisible, de la préservation du patrimoine, de l’aménagement du territoire, du développement urbain et économique au regard des évolutions à venir du site. L’entreprise Moulins Soufflet, en effet, cédera d’ici deux années la partie Sud-Est du site (entre la rue de la République et la Place Galignani), et construira sur la partie Nord-Ouest un moulin moderne. Enfin, le projet relève du développement culturel et touristique avec, notamment, le passage de l’eurovéloroute « Scandibérique » à proximité des Grands Moulins. Soulignons que ce projet dépasse également l’intérêt des seuls partenaires associés. Le Département de l’Essonne, les services de l’Etat, la communauté universitaire, les associations nationales et locales seront également associées à des niveaux divers dans le développement du projet.

Quels sont les projets de valorisation prévus pour faire connaître cette étude ?

A partir de cette étude, une valorisation culturelle et touristique à plusieurs volets est d’ores et déjà prévue, à savoir : une exposition à Corbeil-Essonnes avec ateliers et animations pédagogiques, un outil numérique de valorisation du patrimoine à destination du grand public et des touristes couplé à un support papier de type « parcours », une présentation de l’étude sur la base de données en ligne Inventaire du Patrimoine de la Région Île-de-France. D’autres projets sont à l’étude, tels une exposition photographique "Hommes, techniques et architecture d’une grande minoterie", une publication monographique ou encore un colloque sur l’histoire et le patrimoine de la minoterie en Île-de-France et en France.

*Convention signée par Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île-de-France, le 14 décembre 2018 à l’initiative de la Communauté d’agglomération Grand Paris Sud (Virginie Lacour, conservatrice du patrimoine, étant cheffe de projet).

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