Décarbonation Dametis n’a que 5 ans, mais elle fait déjà figure de référence dans le secteur de la transition environnementale. L'entreprise francilienne aide les industriels à réduire leur empreinte carbone grâce à un logiciel d’optimisation de leur consommation énergétique. Elle est le tout 1er bénéficiaire du nouveau Fonds Île-de-France Décarbonation. Rencontre avec Julian Aristizabal, l'un des cofondateurs.
Depuis sa création en 2019, l'entreprise francilienne Dametis s'est spécialisée dans l'optimisation de la performance énergétique et environnementale des sites industriels. Son objectif est ambitieux : réduire l'empreinte carbone de l'industrie, qui représente actuellement environ 20% des émissions globales.
Pour y parvenir, elle développe une plateforme logicielle qui centralise les données de consommation d'énergie, d'eau et de matières premières, permettant aux industriels de réduire leur empreinte carbone et d'améliorer leur efficacité opérationnelle. Une solution innovante qui lui a valu d'être le 1er bénéficiaire du Fonds Île-de-France Décarbonation, lancé par la Région Île-de-France, début 2025.
Fonds Île-de-France Décarbonation
D'un montant cible de 150 millions d’euros, ce nouveau dispositif régional lancé en 2025 soutient et accompagne les entreprises franciliennes qui développent des solutions novatrices dans les secteurs de la transition écologique.
Le Fonds Île-de-France Décarbonation ne se limite pas à un soutien financier (entre 3 et 10 millions d'euros par entreprise). Il intègre aussi une approche durable en matière d’impact environnemental et territorial. La Région entend ainsi générer un impact environnemental fort et mesurable, en soutenant exclusivement des projets qui contribuent à la transition énergétique et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Témoignage
Rencontre avec Julien Aristizabal, co-fondateur de Dametis.

« La transition environnementale, ce n’est plus seulement une question de rentabilité : c’est une question de pérennité. La pression vient des consommateurs, des marchés, des crises. »
Comment en êtes-vous venu à créer une entreprise dans le domaine de la transition environnementale ?
Julian Aristizabal : Je suis né en Colombie, mais j’ai grandi en France. Pendant mes études d’ingénieur, j’ai vite été attiré par le secteur de l’énergie. En 2010, j’ai intégré un bureau d’études pour aider les entreprises à optimiser leur consommation d’énergie. À l’époque, on manquait cruellement de données fiables et cohérentes sur la consommation énergétique. L’information se perdait dans une multitude de fichiers Excel, avec chacun sa propre méthode de traitement. C’est là que j’ai compris l’importance de centraliser et de normaliser ces données. En 2019, après 3 ans dans un bureau d’études de référence dans le domaine de l’énergie, j’ai co-fondé Dametis avec 3 associés.
En quoi consiste votre solution ?
J.A : Dametis aide les industriels à optimiser leur performance énergétique. D’abord, nous récoltons toutes les données disponibles – consommation d’énergie, données de production... – pour les normaliser et les centraliser dans un logiciel. La normalisation est une étape cruciale : elle permet d’uniformiser l’information et de la rendre compréhensible et cohérente, quelle que soit sa provenance. L’objectif, c’est que tous les services d’un site industriel, de la production aux achats, puissent travailler ensemble, sur la base de mêmes données, pour améliorer la performance environnementale. Ensuite, on intègre directement dans le logiciel notre expertise en efficacité énergétique grâce à des algorithmes de modélisation statistique et physique. Ces outils permettent de quantifier les économies d’énergie potentielles tout en offrant aux industriels des pistes d’optimisation concrètes et mesurables.
Quels bénéfices obtenez-vous chez les industriels que vous accompagnez ?
J.A : Nous travaillons avec plus d’une centaine de grands groupes, dans des secteurs très variés. En général, Dametis permet d’obtenir 10 à 15 % d’économies rien qu’en optimisant les usages : mieux planifier la production, réguler les équipements, identifier les comportements humains énergivores, comme ne pas éteindre une machine pendant la pause… Avec des investissements ciblés, les économies d’énergie peuvent monter jusqu’à 30 %. En 2024, Dametis a permis d’éviter l’émission de de 9 600 tonnes de CO₂. Et ici, il ne s’agit pas de projections mais de chiffres concrets, mesurables et mesurés.
Vous êtes le 1er bénéficiaire du Fonds Île-de-France Décarbonation. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
J.A : Un vrai accélérateur. Ces 7 millions d’euros alloués par la Région vont nous permettre de recruter, de continuer à faire évoluer notre logiciel, et de renforcer notre présence à l’international. On prévoit de s’implanter dans 4 nouveaux pays d’ici 2 ans, et de passer de 50 à 80 collaborateurs. Ce soutien, c’est aussi une reconnaissance de la pertinence de notre solution et cela nous rend très fiers.
Un mot pour les industriels qui hésitent encore à franchir le pas de la transition ?
J.A : Aujourd’hui, le vrai risque est de ne rien faire. La flambée des prix consécutive à la guerre en Ukraine a montré combien l’énergie était un sujet stratégique pour les industriels. La transition environnementale, ce n’est plus seulement une question de rentabilité : c’est une question de pérennité. La pression vient des consommateurs, des marchés, des crises. Avec Dametis, on souhaite apporter des solutions concrètes. C’est une mission collective qui doit être menée dans tous les secteurs.
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