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engagement En 2016, la Région Île-de-France lançait « Les Grands Témoins contre le terrorisme », un cycle de conférences dans les lycées pour prévenir la radicalisation des jeunes. Bilal Mokono, victime de l’attaque revendiquée par l'organisation terroriste "Etat islamique" au Stade de France qui a précédé la tuerie au Bataclan le 13 novembre 2015, s’engage dans le dispositif.

Après Latifa Ibn Ziaten, dont le fils a été assassiné par Mohammed Mehra à Toulouse en mars 2012, et Samuel Sandler, dont le fils et les petits-enfants ont été tués par le même terroriste, Bilal Mokono veut adresser un message d’unité aux jeunes franciliens. Cela, à l'occasion des conférences « Les Grands Témoins contre le terrorisme », organisées par la Région dans les lycées.

Victime, pour sa part, de l’attaque suicide aux abords du Stade de France le 13 novembre 2015, Bilal Mokono veut transmettre aux jeunes le goût du vivre-ensemble, la meilleure arme démocratique, selon lui, pour combattre le terrorisme.  

« J’étais à 3 mètres du terroriste… »

Le 13 novembre 2015, Bilal Mokono n’a pas pu assister au match amical de football France-Allemagne au Stade de France avec son fils. Ils ont été victimes de l’attaque suicide d’un des terroristes. « J’étais à 3 mètres du terroriste quand il a déclenché ses explosifs. Je ne me souviens pas d'être tombé, j’ai ressenti un choc à la tête… Ma première pensée durant quelques minutes : “ Je suis mort, mon fils est mort sans que je puisse le protéger…” ».

Des blessures physiques et psychologiques persistantes

Bilal Mokono et son fils, alors âgé de 13 ans, sont bien vivants mais ne sortent pas indemnes de l’attentat. Le garçon est touché au dos et aux cervicales. Il suit, encore aujourd’hui, des séances de rééducation. Le père, Bilal Mokono a de multiples blessures. Il se déplace désormais en fauteuil roulant.

Pour lui, « le plus difficile après un tel événement, au-delà des séquelles physiques, c’est de retrouver une vie sociale, de remonter la pente ».

Il salue la prise en charge du corps médical de l’hôpital Percy, à Clamart (92), et des Invalides, qui connaissent parfaitement les mécanismes des chocs post-traumatiques chez les victimes d’attentat. Il remercie aussi les équipes de santé (SAMU, Croix-Rouge, Secours populaire, pompiers…) et les forces de police pour leur l’accompagnement moral. « Grâce au soutien des médecins, des infirmiers, des psychologues, de ma famille et de mon entourage, je remonte la pente. »

Une épreuve de vie devenue un combat pour la citoyenneté 

« Je veux laisser aux jeunes un vrai bagage de fraternité », explique Bilal Mokono, pour qui la citoyenneté est le rempart le plus solide contre le fanatisme religieux. Le modèle laïque français représente une vraie chance d'y faire barrage. « S’ils avaient réellement lu le Coran, les terroristes ne se seraient pas laissés enrôler par des mouvances extrémistes. L’islam bannit le suicide, prône le respect de l’autre, peu importe ses croyances. Du respect, du respect, encore plus de respect. » L’école de la rue et son absence de règles seraient, pour lui, un terreau fertile à la radicalisation dans les quartiers.

Inscriptions sur les listes électorales, déplacement aux urnes, solidarité avec les personnes âgées, défense des droits des femmes et des enfants, pratique sportive… sont autant d’éléments qui définissent la citoyenneté, selon Bilal Mokono :« L’important ce sont les valeurs communes qui nous unissent. »

Qu’est-ce que l’identité française ?

Collégien, Bilal Mokono s’est lui-même questionné sur son identité, ses origines, lors des cours d’histoire et d’éducation civique. « Je ne comprenais pas pourquoi on me parlait de mes ancêtres les Gaulois alors que je suis né en Afrique. Et j’ai fini par comprendre, à force d’échanges et de voyages, que ma couleur de peau ne définissait pas mon identité française. Je suis français par mes compétences, mon engagement. » 

Bilal Mokono souhaite montrer à travers son vécu et son parcours l’importance de l’éducation dans la formation et la réussite personnelle. « C’est avec l’instruction et des valeurs humaines bien comprises et bien ancrées qu’on pourra s’éloigner de l’engrenage et de la spirale infernale du radicalisme. »

Bilal Mokono intervient durant 2h dans les lycées franciliens

À partir de son témoignage dans les classes, Bilal Mokono propose aux lycéens de s’exprimer librement, de réagir spontanément et de l’interroger sur le sens de son engagement, sa conviction profonde d’appartenir à l’humanité tout entière. Il a déjà eu l’occasion d’intervenir dans 2 lycées franciliens :
► au lycée René Cassin à Noisiel (77) le 5 avril 2019,
► au lycée Suger à Saint-Denis (93) le 12 avril 2019.

Renseignements : 
Région Île-de-France – Service des actions éducatives du Pôle lycées 
Tél. : 01 53 85 58 00 
E-mail : christine.rameau@iledefrance.fr  

Surmonter le traumatisme et le handicap 

Bilal Mokono doit faire face à des difficultés quotidiennes de déplacements et de prises en charges administratives. Difficile de faire accepter son statut de victime, ses peurs dans l’espace public. Il intervient donc dans les entreprises, pour sensibiliser les professionnels à l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, notamment dans les transports. « Avant l’attaque, je faisais beaucoup de sport : basket, boxe, free fight… Je suis passé d’une carrure de 1,95m à celle d’un homme en fauteuil roulant, qui se demandait comment retrouver une image digne auprès de ses enfants. Maintenant, plus je parle de ce qui m’est arrivé, plus je me sens utile. »

Grands Témoins contre le terrorisme : bilan de l’année scolaire 2017-2018

► 18 interventions dans 18 lycées franciliens et 1.794 lycéens concernés.

► Des intervenants membres de l’Association Française des victimes du terrorisme, partenaire du dispositif :

  • Georges Salines, père de Lola, décédée dans les attentats au Bataclan en 2015,
  • Michel Catalano, Directeur de l'imprimerie de Dammartin-en-Goële (77) et ex-otage des frères Kouachi en 2015, 
  • Alain Couanon, ex-otage de l’attentat de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris en 2015, 
  • Guy Benarousse, victime de l’attentat de la rue des Rosiers à Paris en 1982, 
  • Yohanna Brette, dont la mère, hôtesse de l'air, a été tuée dans l'attentat du DC-10 d'UTA en 1989.


► Deux Grands Témoins : 

  • Latifa Ibn Ziaten, dont le fils, militaire, a été assassiné à Toulouse par Mohammed Merah en 2012,
  • Samuel Sandler, qui a lui aussi perdu son fils et ses petits-fils dans l’attentat perpétré par Mohammed Merah en 2012.

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