apprentissage La Région lutte contre l’illettrisme en finançant en priorité des actions de formation pour les personnes qui ne maîtrisent pas la langue. Apprendre le français se fait ainsi par le prisme du vocabulaire professionnel. Exemple avec l’organisme de conseil et formation Nuevo.

 L’illettrisme est un sujet transversal qui se trouve à la croisée de nombreux enjeux : la sécurisation des parcours professionnels, l’accès à la santé, l’exercice de la citoyenneté. Apprendre le français est une première étape pour évoluer vers le marché de l'emploi.

Illettrisme : des écarts importants entre les territoires

Alors que moins de 2 % des jeunes des Hauts-de-Seine sont en situation d'illettrisme, ils sont 4,2 % dans le Val-d'Oise et 5,9 % en Seine-Saint-Denis. Attention toutefois aux idées reçues : l’illettrisme touche des personnes de tous âges, vivant dans des zones urbaines comme rurales. La moitié des personnes en situation d’illettrisme en Île-de-France travaillent.

À l’occasion des Journées nationales d’actions contre l’illettrisme (JNAI), l’organisme de conseil et formation Nuevo organisait, ce 12 septembre, des portes ouvertes à Saint-Denis (93). Son objectif était double : faire connaître le dispositif régional « Compétences de base professionnelles » et rencontrer les stagiaires qui en bénéficient. Le Centre régional de ressources contre l’illettrisme et pour la maîtrise de la langue (CDRIML) était partenaire de l’événement. 

Apprendre le français est une compétence professionnelle de base

Le socle de formation élaboré par Nuevo dans le cadre du dispositif régional « Compétences de base professionnelles » a déjà accueilli 1.200 stagiaires sur 4 sites en Seine-Saint-Denis, depuis octobre 2018.

Nuevo a ciblé des secteurs en tension dans lesquels des publics pas ou peu qualifiés commencent à apprendre le français et sont formés à un socle de savoirs communs : service à la personne, propreté, bâtiment, commerce, sécurité, restauration et industrie, principalement.

Sans le bac, on se base sur les compétences et le savoir être professionnel. 

« Au dessus du bac, les employeurs sont attachés au diplôme ; sans le bac, on se base sur les compétences et le savoir être professionnel. », témoigne Anne Beziers, chargée de formation « Compétences de base professionnelles » chez Nuevo. 

Durant 3 mois (jusqu’à 250h), les demandeurs d’emploi bénéficient d’une remise à niveau de leurs connaissances, à commencer par la communication : lecture, écriture et informatique, en lien avec leur projet professionnel. La maîtrise de la langue est gage d’autonomie et de confiance pour la suite de leur parcours. Elle mène à une meilleure employabilité. 

Maintenant, je peux moi-même écrire des choses sur un ordinateur. C’est une ouverture d’esprit.

C'est le cas d'Abass Drabo qui finalise cette formation. Conducteur de poids-lourds en Côte d’Ivoire, il tente d’obtenir l’équivalence de ses permis en France : « Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école dans mon pays. Ici, j’apprends à dire quelles sont mes motivations, à envoyer un e-mail… Je dois travailler mon français si jamais je dois repasser mes permis. Maintenant, je peux moi-même écrire des choses sur un ordinateur. C’est une ouverture d’esprit. ».

Estelle Caillaud-Guillotin, conseillère en formation continue au CDRIML, ajoute : « La motivation des stagiaires peut être personnelle, pour les enfants, pour l’exercice de la citoyenneté, mais elle devient active quand il y a un débouché professionnel à la clef. »  

180.000 euros de subvention annuelle pour le Centre de ressources régional qui combat l’illettrisme (CRDIML)

Créé en 2016, le CDRIML vise le développement de compétences nécessaires aux adultes dans la formation, l’insertion et l'emploi. Il déploie des actions de professionnalisation et de sensibilisation des formateurs, conseillers emploi et insertion. Le coût de ces actions de professionnalisation est entièrement pris en charge par la Région Île-de-France. 

Numéro vert dédié à l'illettrisme : 0800 11 10 35

Apprendre le français à travers le vocabulaire « métiers »

Le point de départ de ces formations personnalisées consiste en un test de positionnement, pour déterminer le niveau de français et de connaissances du stagiaire. Son projet professionnel est ensuite défini avec le formateur autour d’objectifs réalistes. La formation s’adapte alors à l’univers professionnel choisi.

Dione Pereira a déjà une formation de secrétaire comptable. Elle a obtenu en France un équivalent bac+3 : « Ici, j’apprends le français, je l’écris. Mon objectif est de trouver un stage de secrétaire comptable. J’ai de l’expérience dans mon pays, mais je dois la faire reconnaître. »

On n’est pas obligé de lire Zola pour apprendre le français. 

Une personne qui envisage de devenir agent logistique aura pour mission la réception, la préparation et l’expédition de produits. Les compétences de base professionnelles associées à ces tâches seront donc : la communication en français, la lecture, la capacité à repérer des erreurs dans les bons de livraison, etc.

Dans le secteur du nettoyage, les stagiaires apprennent à calculer des surfaces sur un plan, lire les pictogrammes des produits d’entretien, en calculer les dosages, remplir un document en cas d’accident du travail ou encore associer le nom d’un outil de travail à son image.

À télécharger

  • Dossier de presse - appel à projets volet expérimental du Plan régional d'investissement dans les compétences 2019

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