histoire De la naissance du football international aux clubs populaires de bas de tableau, en passant par les stades mythiques oubliés ou les grandes heures des Bleus, l'histoire du foot en Île-de-France oscille entre rayonnement mondial et fort ancrage local.

24 février 1895 : jour marquant dans l'histoire du foot

L'histoire du foot a commencé le 24 février 1895 : ce jour-là, le tout nouveau Vélodrome de la Seine, à Levallois (92), est le théâtre de la première rencontre internationale de football, qui oppose la sélection de Paris à celle de Folkestone (Angleterre). Nullement démoralisés par une défaite 3-0 devant 1.500 personnes, les ancêtres des Bleus s’offrent une troisième mi-temps animée : « Ils sont montés à Montmartre, et là, de la plus haute lucarne du plus rouge des moulins, ils ont pu satisfaire à leur désir de voir les dessus de Paris et les dessous aussi », rapportent les auteurs de 100 ans de football en France (éditions Atlas).

Red Star, l'élu

Basé à Saint-Ouen (93) le Red Star a été fondé à Paris en 1897 par le grand Jules Rimet, père de la Coupe du monde et personnage clé dans l'histoire du foot, afin de donner un écho dans les classes populaires à son combat (l’anticléricalisme de gauche). Le club a connu son âge d’or durant l’entre-deux-guerres, où il a remporté 5 Coupes de France, et compté dans ses rangs Rino Della Negra, un héros de la Résistance fusillé en 1944. Depuis, il a peu à peu quitté l’élite, mais le public, lui, n’a jamais vraiment déserté le stade Bauer, galvanisé par l’idéal social et résistant qu’incarne l’« Étoile rouge qui ne meurt jamais ».

Au bon souvenir d'Élisabeth

Centre sportif abritant les équipes du Paris Alésia et du Club Athlétique de Paris, le stade Élisabeth est un antre méconnu… et pourtant clé dans l'histoire du foot ! C’est dans cette enceinte de la porte d’Orléans, à Paris 14e, que fut inscrit, le 11 septembre 1932, le premier but de l'histoire du Championnat de France de football professionnel. Il est signé de l’Antibois Karl Klima aux dépens du Red Star, déjà de la partie…

1938, le sacre mondial à Colombes

Bien qu’il ne soit plus homologué par la Fifa, le stade Yves-du-Manoir, à Colombes (92), reste le lieu aux mille exploits. Cet ex-hippodrome a notamment accueilli les Jeux olympiques d’été de 1924, et la finale de la Coupe du monde de football en 1938. Une époque où le ballon rond n’était encore qu’un sport amateur : pour preuve, la tombola géante organisée par les joueurs brésiliens pour financer leur voyage !

1969, Paris tient son club 

Paris, seule capitale européenne à ne pas disposer d’une équipe de renom ? Une anomalie qu’entend corriger, en 1969, la Fédération française de football, par la création du Paris FC. « Les Parisiens devenaient une population de cols blancs, moins encline à aller soutenir une équipe de football qu’à assister à une rencontre de rugby », explique Paul Dietschy dans son livre, Histoire du football (éditions Perrin). Soucieux de ne pas démarrer à l’échelon amateur, le Paris FC, en partie financé par une collecte populaire, s’allie au Stade Saint-Germain en 1970, donnant ainsi naissance au Paris Saint-Germain FC. Malgré la montée en première division, le Paris FC se voit contraint par la Mairie de Paris, qui refuse de financer un club « banlieusard », de reprendre son indépendance dès 1972. Le début d’une longue traversée du désert pour le club francilien, aujourd’hui en National, pendant que le PSG, issu de cette scission, tutoie les sommets en Ligue 1.

L'heure de la revanche

La France triomphante, l’Espagne maudite : ça, c’était avant ! Le 27 juin 1984, dans un Parc des Princes bouillonnant, les Tricolores, comme on les appelle à l’époque, disputent à domicile la finale du Championnat d’Europe. Sur un coup franc, bien aidé par la bourde restée célèbre du gardien de but espagnol Arconada, le maestro Platini propulse la France vers son premier titre international et entre ainsi dans l'histoire du foot. La génération « Platoche », traumatisée par sa défaite à Séville 2 ans plus tôt, décomplexe un football français jusqu’ici « beau perdant », avec en point d’orgue la Coupe du monde 1998 et l’Euro 2000 remportés par la bande à Zidane.

Les yeux dans les bleus

Le point commun entre le Trappiste Nicolas Anelka, l’Ulissien Thierry Henry, le Clamartois Hatem Ben Arfa et l’Albertivillarien Abou Diaby ? Ils sont passés par l’Institut national du football de Clairefontaine, temple du ballon rond niché au coeur de la forêt de Rambouillet (78). Ce centre de formation de jeunes footballeurs (13 à 15 ans) a été érigé en 1988 sous l’égide de Fernand Sastre, l’illustre président de la Fédération décédé un mois avant le sacre mondial des Bleus d’Aimé Jacquet, dont la folle épopée avait débuté là !

Au Stade de France, sur le toit du monde

Et 1, et 2 (coups de tête de Zizou, déjà) et 3-0 ! 12 juillet 1998, les Bleus décrochent leur première étoile : la France est sur le toit du monde. Quelques mois après son inauguration, le Stade de France, implanté à La Plaine Saint-Denis (93), entre dans l'histoire du foot. Pour la première fois de son histoire, la France possède enfin « sa » cathédrale du sport, attendue depuis près d’un siècle : une enceinte de 80.000 places, le double du Parc des Princes, comblant ainsi son retard sur les grandes nations. Depuis, le stade accueille les plus grands événements sportifs et musicaux. À quand un concert de Gloria Gaynor ?

2e étoile

En 2018, les Bleus écrivent un nouveau chapitre de leur belle histoire sportive, en remportant la Coupe du monde en Russie. Le meilleur buteur de la compétition pour les Français n’est autre que Kylian Mbappé (4 buts, comme Antoine Griezmann) : le jeune joueur du PSG a fait ses armes à Bondy, en Seine-Saint-Denis, avant de rejoindre le Paris-Saint-Germain via l’AS Monaco. À ses côtés sur le podium du stade Loujniki de Moscou, d’autres prodiges qui ont usé leurs crampons sur les pelouses franciliennes : Benjamin Mendy, natif de Longjumeau (91), Presnel Kimpembe, de Beaumont-sur-Oise (95), ou Paul Pogba, de Lagny-sur-Marne (77). 

Girl power

21 ans après la Coupe du monde 1998 et 3 ans après l’Euro 2016, la France organise une nouvelle compétition majeure en accueillant la Coupe du monde féminine en juin et juillet 2019. Le Parc des princes accueille le match d’ouverture entre la France et la Corée du sud ainsi qu’un huitième et un quart de finale de la compétition. Une façon de rappeler que le football féminin est particulièrement bien implanté en Île-de-France, avec pas moins de 3 clubs sur les 12 que compte la première division nationale : le PSG, le Paris FC (né de la fusion avec Juvisy) et Fleury. Et si les filles refaisaient le coup de 98, et brodaient elles-aussi une étoile sur leur tunique bleue ?

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