agriculture Témoignage d'une jeune agricultrice de Chatignonville, dans l'Essonne, qui convertit actuellement une centaine d’hectares de parcelles céréalières à l'agriculture biologique. Avec l'aide de la Région, dans le cadre de son Pacte agricole.
Avec près de 80% de sa surface recouverte d’espaces agricoles, forestiers et naturels, l’Île-de-France est un territoire rural de premier plan. De son côté, la Région soutient les filières bois et agricoles, et tout particulièrement ses exploitants.
C’est le cas de Mélanie Dallier, agricultrice de 27 ans dont l'exploitation familiale est située à Chatignonville, dans le sud de l’Essonne (91). La jeune femme y exploite, avec son père, une partie maraîchère biologique de près de 4 hectares, où sont produits des légumes de saison, et une partie céréalière.
Bénéficiaire de l’aide à la conversion de surfaces biologiques de la Région (dans le cadre de son Pacte agricole), Mélanie Dallier est lancée, depuis 2019, dans la transformation de son exploitation céréalière, d’une centaine d’hectares, vers du bio.
Les chiffres clés de l'agriculture en Île-de-France
- 47% des terres consacrées à l'agriculture,
- 4.425 exploitations agricoles,
- 569.000 hectares de surfaces agricoles, dont 64% de cultures céréalières,
- 5 grandes cultures : blé, orge, colza, betterave et maïs,
- 2 millions de tonnes de blé tendre produites par an,
- 1re région française en nombre de conversions à l'agriculture biologique depuis 2 ans,
- 300 fermes bio,
- 18% d'exploitations en circuit court avec ventes directes.
Entretien avec Mélanie Dallier, agricultrice bio à Chatignonville (91)
Que produisez-vous sur votre exploitation agricole ?
Mélanie Dallier : C'est à l'origine une exploitation céréalière. Mes parents s'y sont installés en 1989. En 1992, ils ont décidé de se diversifier en faisant du maraîchage sur une petite parcelle, avec l’idée de vendre nos produits presque exclusivement à la ferme. Au début, il s'agissait d'une diversification en plus de la ferme, mais aujourd’hui c’est une activité à part entière.
En 2017, après mes études je me suis installée sur l’exploitation avec eux et nous avons rapidement triplé la surface maraîchère pour répondre à une demande croissante. Un voisin a accepté de nous louer une parcelle attenante et, maintenant, nous produisons en plus grandes quantités.
Quel cursus avez-vous suivi pour devenir agricultrice ?
M. D. : Je suis partie faire mes études à Angers (49) pendant 3 ans. J’y ai obtenu 2 diplômes, l’un en gestion d’exploitation agricole, l’autre en production végétale. Le projet est qu’avec ma sœur aînée nous reprenions les rênes de l’exploitation familiale quand mon père partira à la retraite.
Comment est née la volonté de passer à une agriculture biologique ?
M. D. : Mon père a toujours cultivé ses fruits et légumes en bio, même sans la labellisation. Avec ma sœur, quand nous étions petites, il souhaitait que nous puissions manger les produits sur pieds notamment. Le label bio pour la partie maraîchère n’est arrivé que plus tard. Et, depuis 3 ans, nous sommes en train de convertir l’exploitation céréalière. Une centaine d’hectares est en train passer en bio. Nous avons choisi de le faire sur 3 ans car, financièrement, c’est assez lourd. C’est sur ce point que l’aide de la Région nous a été très utile.
Plus d'infos sur le soutien de la Région à la conversion au bio
Consultez et téléchargez la fiche de présentation de l'aide.
Comment la Région vous a-t-elle aidée dans votre conversion ?
M. D. : L’aide régionale nous a permis de continuer à percevoir un salaire, mais aussi de financer l’achat de nouveaux équipements pour réaliser cette conversion. Ça a donc été un coup de pouce non négligeable pour nous en termes de trésorerie notamment.
C’est important pour vous de produire bio ?
M. D. : Ça fait près de 20 ans que mon père produit des légumes en respectant le cahier des charges du bio. De mon côté, je suis plus sensible aux techniques de production bio, donc ça s’est fait naturellement. Et c’est la finalité de notre exploitation aussi, car nous essayons de répondre à une demande locale. Mais je tiens quand même à dire que les 2 systèmes agricoles sont nécessaires selon moi. Je ne peste pas du tout contre mes collègues conventionnels. Il faut pouvoir produire pour tout le monde et le bio n’est pas non plus sans problématiques. Ici, nous avons choisi une filière, une manière de produire, c'est tout.
Qu’est-ce qui vous plaît dans le métier d’agricultrice ?
M. D. : Tout ! Bon, il m'arrive de râler car je travaille trop mais, vraiment, j’adore ce que je fais. La chance que j’ai avec notre exploitation, c’est sa très grande diversité. Du maraîchage, des grandes cultures... et puis la vente ! Il y a une grande satisfaction à vendre ses produits, et surtout d’entendre les supers retours de nos clients ! Entendre dire que tel ou tel légume était excellent, c’est une magnifique sensation. On est peut-être à 50 heures par semaine l’hiver et 70 en été… mais, vraiment, je n’ai pas l’impression « d’aller au travail » quand je me lève le matin.
Quels sont vos projets ?
M. D. : Peut-être continuer à développer nos parcelles de légumes avec de nouvelles variétés. Mais je dirais que maintenir tout le système maraîcher et céréalier actuel en bio représente déjà un très beau challenge !
La Région face au défi de l'agriculture biologique
Dans le cadre de son Pacte agricole adopté en 2018, la Région Île-de-France s’est notamment lancée dans le défi du bio.
Lanterne rouge en 2015, l’Île-de-France est devenue la première région de France pour le nombre de conversions de ses surfaces à l’agriculture biologique.
En 5 ans, les surfaces cultivées en bio ont quasiment triplé sur le territoire francilien pour atteindre près de 45.000 hectares certifiés ou en cours de certification en 2022. Une performance rendue possible grâce au soutien sans faille de ses exploitants agricoles qui se lancent dans l’aventure bio.
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