innovation Capteurs pour collecter les données, drones et robots de désherbage font partie des outils de l'innovation agricole testés dans la Digiferme de Bougneville.
À Boigneville (91), à envion 60 km de Paris dans le Parc naturel régional du Gâtinais français, on trouve la pointe de l'innovation agricole. Ici, Arvalis Institut du végétal, un institut de recherche appliquée, propose aux agriculteurs et aux start-up du secteur un véritable terrain d’expérimentation des technologies de demain : une digiferme. Chaque jour, 150 ingénieurs, techniciens et assistants travaillent dans cette ferme-laboratoire pour améliorer la qualité de la production des exploitations françaises dans le respect de l’environnement.
La Digiferme de Boigneville est une ferme expérimentale de 150 ha dédiée aux grandes cultures et à l'agriculture numérique, explique Delphine Bouttet, responsable du site. Aujourd’hui, de nombreux outils et services connectés – logiciels, capteurs pour collecter les données du sol, de l’air et des plantes, drones et robots de désherbage –, sont développés pour les agriculteurs. Notre mission est de les tester en situation afin de faire émerger les innovations qui contribueront à améliorer la multi-performance des exploitations. Nous travaillons pour cela avec des entreprises du numérique, des start-up et d’autres organismes agricoles comme la Chambre d’agriculture
Aide à la décision, big data... Les nouveaux outils de l'innovation agricole
Le numérique s’est affirmé comme l’une des technologies qui va aider à relever les défis agricoles de demain. Et ce qui fonctionne le mieux actuellement, ce sont les stations météo connectées, essentielles pour le monde agricole. Les équipes de la Digiferme sélectionnent celles qui fournissent les informations les plus fiables et les plus pertinentes. Car donner simplement la météo ne suffit plus. La nouveauté est que ces données météo alimentent des outils d’aide à la décision de plus en plus précis.
L'innovation agricole soutenue par des outils et des acteurs
En France, Arvalis Institut du végétal compte 400 collaborateurs, dont 300 ingénieurs et techniciens. Le site de Boigneville est la plus importante station de recherche parmi les 27 entités (stations de recherche, sites expérimentaux, fermes d’application et laboratoires) implantées dans toute la France.
Par exemple, pour gérer les maladies du blé, il existe des modèles qui simulent leur évolution pour optimiser les interventions et éviter celles qui sont inutiles, souligne Delphine Bouttet. Le numérique agit un peu comme dans la médecine moderne. Il aide à faire de meilleurs diagnostics pour mieux intervenir ensuite en agissant juste là où il faut et non plus globalement comme avant.
Tout comme les robots et les outils tractés qui interviennent désormais avec une très grande précision, les tracteurs sont majoritairement équipés de GPS. A Boigneville, ils sont capables de passer exactement au même endroit avec une précision de l’ordre de 2 cm: c'est notamment utile pour biner leurs champs de blé bio.
Nouvelles méthodes de biocontrôle pour l'agriculture de demain
Par contre, l'innovation agricole ne se limite pas au numérique.« Nous faisons aussi de la recherche et de l’adaptation au changement climatique, car la région sera touchée comme les autres. L’une de nos missions consiste donc à identifier des variétés plus tolérantes aux sécheresses et nécessitant moins d’eau. Nous testons aussi de nouvelles variétés plus tolérantes aux maladies », précise la responsable.
La ferme réalise des essais en grandes parcelles et en micro-parcelles dans lesquelles sont par exemple plantées 30 à 40 variétés différentes afin d’étudier leur comportement et déterminer celles qui seront cultivées demain.
Afin de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires, la Digiferme teste aussi des méthodes de biocontrôle pour protéger les cultures avec des mécanismes naturels. Et , depuis 10 ans, une partie de l’exploitation est convertie à l’agriculture biologique alors que ce type de culture est en pleine expansion.
« Nous sommes un peu le 60 Millions de consommateurs des agriculteurs. Nos conclusions sont diffusées sur notre site d’information, lors de journées techniques. Notre objectif le plus important est que ce que nous faisons serve aux exploitants agricoles, car nous sommes leur institut », conclut Delphine Bouttet.
L’Île-de-France, une terre d’innovation agricole et de recherche
La région comprend des exploitations céréalières de grande taille avec une importante production de blé, dont une partie est exportée. C’est aussi une région engagée en faveur de la recherche agricole. 5 stations de recherche y sont implantées, chacune ayant ses propres spécialités : la Digiferme pour la recherche numérique et connectée, à Grignon (78) avec son laboratoire de pathologie sur les cultures, et la station de recherche de Villiers-le-Bâcle (91), spécialisée en écophysiologie (étude des variétés de céréales). L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) dispose de deux centres de recherche : Versailles-Grignon (78) pour la biologie des plantes, l’agriculture et l’écologie, et Jouy-en-Josas (78) pour la recherche animale, les microbes et l’alimentation.
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